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Saint Julien du Mans



Dernière mise à jour
le 17/02/2022

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Fête 27 janvier, fête locale
Mortvers l’an 250
Fonction évêque du Mans
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saint Julien du Mansvers l’an 250évêque du Mans
saint Laurent de Rome10/08/258
saint Sixte II258pape

Julien pourrait venir de jubiler et ana en haut, Julianus ou Jubilianus, qui monte au ciel avec jubilation ; ou bien encore de Julius, qui commence et amie, vieillard, car il fut vieux en longanimité dans le service de Dieu ; mais il commença par se connaître lui-même.

Julien fut évêque du Mans.

On dit que Simon le lépreux fut guérit par le Seigneur de sa lèpre et qu'il invita Jésus-Christ à dîner. Après l’ascension de Notre-Seigneur, il fut ordonné évêque du Mans par les apôtres. Il fut illustre par ses nombreuses vertus et ressuscita trois morts, après quoi il mourut en paix.

On dit que c'est ce saint Julien qui est invoqué par les voyageurs, afin qu'ils trouvent un bon gîte, parce que c'est dans sa maison que le Seigneur fut hébergé. Mais il paraît plus certain que ce fut un autre Julien que celui-ci, à savoir celui qui tua en l'ignorant son père et sa mère. Son histoire est racontée plus loin.

Il y eut un autre Julien ; noble personnage de l’Auvergne, plus noble encore par sa foi et qui, poussé par le désir du martyre, s'offrit de lui-même aux persécuteurs. Crispin, personnage consulaire, envoya un de ses gens avec ordre de le tuer. À cette nouvelle Julien sortit hors de chez lui et se présenta avec intrépidité devant celui qui le cherchait et reçut instantanément le coup de la mort. On prit sa tête et on la porta à saint Ferréol, compagnon de Julien, en le menaçant de pareille mort, s'il ne sacrifiait à l’instant. Comme il ne voulait pas y consentir, on le tua et on mit dans le même tombeau la tête de saint Julien et le corps de saint Ferréol. Longtemps après, saint Mamert, évêque de Vienne, trouva le chef de saint Julien entre les mains de saint Ferréol et il était si sain et si entier qu'on eût dit qu'il avait été enseveli le jour-même (1).

Au nombre des miracles qu'on raconte de ce saint, on cite qu'un diacre ayant volé les brebis de l’église de saint Julien et ses bergers voulant l’en empêcher, au nom de ce saint, il répondit : « Julien ne mange pas de moutons. » Et voici que peu après, il fut saisi d'une fièvre des plus violentes qui augmenta encore ; il avoua alors être brûlé par le martyre ; il se fit jeter de l'eau sur lui pour se rafraîchir ; mais aussitôt il s'éleva une si grande fumée et il sortit de son corps une telle puanteur que tous ceux qui étaient là prirent la fuite, et il mourut un instant après (2).

Grégoire de Tours raconta qu'un homme de la campagne voulut travailler le dimanche. À peine eut-il pris une hache pour nettoyer sa charrue, que le manche de cette hache s'attacha à sa main droite et deux ans après, il fut guéri dans l’église de saint Julien par les prières de ce bienheureux (3).

Il y eut encore un autre Julien, frère de saint Jules. Ces deux frères vinrent trouver Théodore, empereur très chrétien, pour lui demander la permission de détruire les temples des idoles, partout où ils en rencontreraient et d'élever des églises à Jésus-Christ. L'empereur le fit de bon cœur et il écrivit que tous eussent à leur obéir et à les aider, sous peine d'avoir la tête tranchée. Or, les saints Julien et Jules bâtissaient une église dans un lieu qu'on appelle Gaudianum (4) et que tous les passants aidaient à cette œuvre, d'après l’ordonnance de l’empereur, quand arrivèrent trois particuliers conduisant un chariot, qui se dirent l’un à l’autre : « Quelle excuse pourrons-nous présenter pour passer librement sans être obligés de travailler ici ? » Et ils dirent : « Etendons l’un de nous sur le dos dans le char et le couvrons de draps ; nous dirons que nous avons un mort dans notre voiture et ainsi nous pourrons passer librement. » Alors prenant un homme, ils le mirent dans le char et lui dirent : « Ne parle pas, ferme les yeux et fais le mort jusqu'à ce que nous soyons passés. »

L'ayant couvert comme un mort, ils arrivèrent auprès des serviteurs de Dieu, Julien et Jules, qui leur dirent : « Mes petits-enfants, arrêtez un instant et nous aidez un peu dans notre travail. » Ils répondirent : « Nous ne pouvons-nous, arrêter ici parce que nous avons un mort dans notre char. » Saint Julien leur dit : « Pourquoi mentir ainsi, mes enfants ? ». Et eux de répondre : « Nous ne mentons pas, seigneur, mais il en est ainsi que nous disons. » Et saint Julien ajouta : « Qu'il en soit selon la vérité de votre dire. » Alors ces voyageurs piquèrent leurs bœufs et partirent. Quand ils furent éloignés, ils s'approchèrent du char et appelèrent leur camarade par son nom en disant : « Lève-toi à présent, et presse les bœufs pour que nous gagnions du chemin. » Mais comme l’homme ne remuait pas, ils le secouèrent en criant : « Rêves-tu ? Lève-toi et presse les bœufs. » Or, il ne répondait pas le moins du monde ; alors ils s'approchèrent, le découvrirent et le trouvèrent mort. Une si grande frayeur s'empara d'eux et des autres que personne depuis n'osait mentir au serviteur de Dieu.

On trouve encore un autre Julien qui tua son père et sa mère sans le savoir. Un jour, ce jeune noble prenait le plaisir de la chasse et poursuivait un cerf qu'il avait fait lever, quand tout à coup le cerf se tourne vers lui miraculeusement et lui dit : « Tu me poursuis, toi qui tueras ton père et ta mère ? » Quand Julien eut entendu cela, il fut étrangement saisi, et dans la crainte que tel malheur prédit par le cerf lui arrivât, il s'en alla sans prévenir personne, et se retira dans un pays fort éloigné, où il se mit au service d'un prince ; il se comporta si honorablement partout, à la guerre, comme à la cour, que le prince le fit son lieutenant et le maria à une châtelaine veuve, en lui donnant un château pour dot. Cependant, les parents de Julien tourmentés de la perte de leur fils, se mirent à sa recherche en parcourant avec soin les lieux où ils avaient l’espoir de le trouver. Enfin ils arrivèrent au château dont Julien était le seigneur. Pour lors saint Julien se trouvait absent. Quand sa femme les vit et leur eut demandé qui ils étaient, et qu'ils eurent raconté tout ce qui était arrivé à leur fils ; elle reconnut que c'était le père et la mère de son époux, parce qu'elle l’avait entendu souvent lui raconter son histoire. Elle les reçut donc avec bonté, et pour l’amour de son mari, elle leur donna son lit et, prit pour elle une autre chambre. Le matin arrivé, la châtelaine alla à l’église ; pendant ce temps, arriva Julien qui entra dans sa chambre à coucher comme pour éveiller sa femme ; mais trouvant deux personnes endormies, il supposa que c'est sa femme avec un adultère, tira son épée sans faire de bruit et les tua l’un et l’autre ensemble. En sortant de chez soi, il vit son épouse revenir de l’église ; plein de surprise, il lui demanda qui étaient couchés dans son lit.

Elle répondit : « Ce sont votre père et votre mère qui vous ont cherché bien longtemps et que j'ai fait mettre en votre chambre. » En entendant cela, il resta à demi mort, se mit à verser des larmes très amères et à dire « Ah ! Malheureux ! Que ferais-je ? J'ai tué mes bien aimés parents. La voici accomplie cette parole du cerf ; en voulant éviter le plus affreux des malheurs, je l’ai accompli. Adieu donc, ma chère sœur, je ne me reposerai désormais que je n'aie su que Dieu a accepté ma pénitence. » Elle répondit: « Il ne sera pas dit, très cher frère, que je te quitterai ; mais si j'ai partagé tes plaisirs, je partagerai aussi ta douleur. » Alors, ils se retirèrent tous les deux sur les bords d'un grand fleuve, où plusieurs perdaient la vie, ils y établirent un grand hôpital où ils pourraient faire pénitence ; sans cesse occupés à faire passer la rivière à ceux qui se présentaient, et à recevoir tous les pauvres. Longtemps après, vers minuit, pendant que Julien se reposait de ses fatigues et qu'il y avait grande gelée, il entendit une voix qui se lamentait pitoyablement et priait Julien d'une façon lugubre de le vouloir passer. À peine l’eut-il entendu qu'il se leva de suite, et il ramena dans sa maison un homme qu'il avait trouvé mourant de froid ; il alluma le feu et s'efforça de le réchauffer, comme il ne pouvait réussir, dans la crainte qu'il ne vînt à mourir, il le porta dans son petit lit et le couvrit soigneusement. Quelques instants après, celui qui paraissait si malade et comme couvert de lèpre, se lèva blanc comme neige vers le ciel, et dit à son hôte : « Julien, le Seigneur m’a envoyé pour vous avertir qu'il a accepté votre pénitence et que dans peu de temps tous deux vous reposerez dans le Seigneur. » Alors il disparut, et peu de temps après Julien mourut dans le Seigneur avec sa femme, plein de bonnes œuvres et d'aumônes.

Il y eut encore un autre Julien, celui-ci ne fut pas, un saint, mais un grand scélérat. C'est Julien l’apostat. Il fut d'abord moine et il affectait de grands sentiments de religion. Au rapport de maître Jean Beleth (5), en sa Somme de l’Office de l’Église, une femme possédait trois pots pleins d'or ; pour que, cet or ne partît pas, elle, couvrit l’orifice des pots avec de la cendre et, les donna à garder à Julien, estimé par elle comme un très saint personnage, et cela, en présence de plusieurs moines, sans, faire connaître en aucune façon qu'il y eût là de l’or. Julien prit les pots, et y trouvant un si grand trésor, il le vola tout entier et remplit les pots de cendre. Quelque temps après, la femme réclama son dépôt ; Julien lui rendit ses cruches pleines, de cendre. Mais n'y ayant, trouvé que cette cendre, elle ne put le convaincre de vol, parce qu'elle n'avait personne capable de témoigner qu'il y eût eu de l’or, puisque les moines en présence desquels elle avait remis les vases n'avaient vu autre chose que de la cendre. Julien conserva donc cet or ; l’emporta à Rome et par ce moyen, il obtint dans la suite le consulat dans cette ville ; enfin il fut élevé à l’empire.

Il avait été instruit dès son enfance dans l’art magique et cette science lui convenait fort. Il en conserva donc toujours des maîtres en grand nombre auprès de soi.

Il est rapporté dans l’Histoire tripartite(6) qu'un jour, étant encore enfant, son maître sortit et le laissa seul ; il se mit à lire des évocations au démon et il se présenta devant lui une troupe infinie de ces diables, noirs comme des Ethiopiens. A cette vue Julien saisi de crainte fit aussitôt le signe de la croix, et toute cette multitude de démons s'évanouit. Il raconta tout ce qui était arrivé à son maître qui était revenu et qui lui dit « Les démons haïssent et craignent extraordinairement le signe de la croix. » Ayant été élevé à l’empire, Julien se souvint de ce fait, et comme il voulait se livrer à la magie, il apostasia et détruisit partout les images de la croix ; autant qu'il fut en son pouvoir ; il persécuta les chrétiens, dans la pensée qu'autrement les démons ne lui obéiraient en rien. Quand il descendit dans la Perse, ainsi qu'il est dit dans la Vie des Pères (7), il envoya un démon en Occident, pour qu'il lui, en rapportât une réponse ; mais arrivé dans un endroit, le démon resta immobile dix jours entiers, parce qu'il se trouvait là un moine qui priait jour et nuit : Le diable étant revenu sans avoir accompli sa mission, Julien lui dit : « Pourquoi as-tu tant tardé ? » Il répondit: « Pour pouvoir passer, j'ai attendu pendant dix jours qu'un moine qui vivait hors du cloître cessât de faire oraison ; mais comme il n'en finissait pas, ce me fut impossible ; alors je suis revenu sans avoir rien fait. » Julien indigné dit que, quand il viendrait en ce lieu-là, il se vengerait de ce moine.

Comme les diables lui promettaient la victoire sur les Perses, son sophiste dit à un chrétien : « Que penses-tu qu'il fasse à présent, le fils du charpentier ? » Et il répondit : « Il prépare un cercueil pour Julien. » On lit dans l’histoire de saint Basile, et Fulbert, évêque de Chartres, l’affirma aussi, qu’arrivé à Césarée de Cappadoce, saint Basile vint à sa rencontre et, lui offrit quatre pains d'orge, mais Julien refusa avec mépris de les recevoir et à la place il lui envoya du foin, en disant : « Tu nous as offert de ce qui nourrit les animaux sans raison, reprends ce que tu nous as adressé. » Basile répondit : « Nous avons vraiment envoyé de ce que nous mangeons ; mais pour toi ; tu nous as donné ce qui te sert à nourrir tes bestiaux. »

A cela Julien irrité répondit : « Lorsque j'aurai soumis les Perses, je détruirai cette ville et, la ferai labourer pour qu'elle soit nommée le lieu où vient le froment, et non le lieu où habitent des hommes... »

Mais la nuit suivante, saint Basile eut, en l’église de Sainte-Marie, une vision dans laquelle lui apparut une multitude d'anges, et au milieu d'eux, debout sur un trône, une femme qui dit à ceux qui l’entouraient : « Appelez-moi vite Mercure, pour qu'il tue Julien l’apostat, cet insolent blasphémateur de mon Fils et de moi. » Or, ce Mercure était un soldat, tué par Julien lui-même en haine de la foi, enseveli dans cette église. A l’instant saint Mercure se, présenta avec ses armes qu'on conservait en ce lieu, et reçut ordre de se préparer au combat. Basile s'étant éveillé, alla à l’endroit où saint Mercure reposait avec ses armes et ouvrant son tombeau il n'y trouva ni corps ni armes. Il s'informa auprès du gardien si personne n'avait emporté les armes.

Celui-ci lui affirma avec serment, que le soir les armes étaient là où elles se trouvaient toujours. Basile se retira alors, et revenu le matin, il y trouva le corps avec les armes, et la lance couverte de sang. Au même instant, un soldat qui revenait de la bataille, dit : « Alors que Julien était à l’armée, voici qu'un soldat inconnu se présenta avec ses armes et sa lance, et pressant son cheval avec ses éperons, il se rua avec audace sur l’empereur Julien ; puis brandissant sa lance avec force, il l’en perça par le milieu du corps ; tout aussitôt il s'éleva en l’air et disparut. » Or, comme Julien respirait encore, il remplit sa main de son sang, dit l’Histoire, tripartite (8), et le jetant en l’air, s'écria : « Tu as vaincu, Galiléen, tu as vaincu. » Et en disant ces mots il expira misérablement. Son corps fut laissé sans sépulture, et écorché par les Perses, et de sa peau, on fit un tapis pour le roi.

Sources
  • Nominis
  • Légende dorée rédigée en latin entre 1261 et 1266 par Jacques de Voragine, dominicain et archevêque de Gênes.

Notes

(1) Grégoire de Tours, Martyre, vertus, et gloire de saint Julien, chap. II. Retour

(2) Grégoire de Tours, Martyre, vertus, et gloire de saint Julien, chap. II. Retour

(3) Grégoire de Tours, Martyre, vertus, et gloire de saint Julien, chap. II. Retour

(4) Il est question de ce lieu dans Grégoire de Tours au livre de saint Julien. D. Ruinart pense que c'est Jouay, près de Tours. Retour

(5) Maître Jean Beleth vivait en 1182. Il était chanoine d'Amiens Retour

(6) Livre VI, ch. I, - Niceph., liv. X, ch. III; - Saint Grégoire de Naz., Premier discours contre Julien l’apostat. Retour

(7) Livre XII, ch. II. Retour

(8) Livre VI, ch. XLVII. Retour

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