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Sainte Marie-Madeleine



Dernière mise à jour
le 17/02/2022

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Vitrail
(église de Neuville-les-Dames)
Baie numéro 05
Fête 22 juillet

Liste des chapitres

Les attributs de sainte Élisabeth de Thuringe.

Les attribut de sainte Marie-Madeleine sont des cheveux longs, un crucifix, un crâne et un vase.

Audience générale du pape François du 17 mai 2017.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Ces dernières semaines, notre réflexion se déroule, pour ainsi dire, dans l’orbite du mystère pascal. Nous rencontrons aujourd’hui celle qui la première, selon les Evangiles, vit Jésus ressuscité : Marie Madeleine. Le repos du samedi s’était conclu depuis peu. Le jour de la passion, il n’y avait pas eu le temps de terminer les rites funèbres ; c’est pourquoi, en cette aube pleine de tristesse, les femmes se rendent à la tombe de Jésus avec les onguents parfumés. C’est elle qui arrive la première : Marie de Magdala, l’une des disciples qui avaient accompagné Jésus jusqu’en Galilée, se mettant au service de l’Eglise naissante. Dans son trajet vers le sépulcre se reflète la fidélité de tant de femmes qui fréquentent pendant tant d’années les allées des cimetières, en souvenir de quelqu’un qui n’est plus là. Pas même la mort ne brise les liens les plus authentiques : certaines personnes continuent à aimer, même si la personne aimée s’en est allée pour toujours.

L’Evangile (cf. Jn 20, 1-2.11-18) décrit Madeleine, en soulignant immédiatement que ce n’était pas une femme qui s’enthousiasmait facilement. En effet, après la première visite au sépulcre, elle revient déçue dans le lieu où les disciples se cachaient. Elle rapporte que la pierre a été déplacée de l’entrée du sépulcre, et sa première hypothèse est la plus simple que l’on puisse formuler : quelqu’un doit avoir fait disparaître le corps de Jésus. Ainsi, la première annonce que Marie apporte n’est pas celle de la résurrection, mais d’un vol que des inconnus ont commis, alors que Jérusalem tout entière dormait.

Les Evangiles racontent ensuite un deuxième voyage de Madeleine vers le sépulcre de Jésus. Elle était têtue ! Elle est allée, elle est revenue... parce qu’elle n’était pas convaincue ! Cette fois, son pas est lent, très lourd. Marie souffre doublement : tout d’abord de la mort de Jésus, et ensuite, de la disparition inexplicable de son corps.

C’est alors qu’elle est penchée près de la tombe, les yeux remplis de larmes, que Dieu la surprend de la manière la plus inattendue. L’évangéliste Jean souligne combien son aveuglement est persistant : elle ne s’aperçoit pas de la présence de deux anges qui l’interrogent, elle n’a aucun soupçon en voyant l’homme derrière elle, qu’elle pense être le gardien du jardin. Et en revanche, elle découvre l’événement le plus bouleversant de l’histoire humaine lorsque finalement elle est appelée par son nom: « Marie ! » (v. 16).

Comme il est beau de penser que la première apparition du Ressuscité — selon les Evangiles — a eu lieu d’une manière aussi personnelle ! Il y a quelqu’un qui nous connaît, qui voit notre souffrance et notre déception, et qui s’émeut pour nous et nous appelle par notre nom. C’est une loi que nous trouvons gravée dans beaucoup de pages de l’Evangile. Autour de Jésus se trouvent de nombreuses personnes qui cherchent Dieu ; mais la réalité la plus prodigieuse est que, bien avant, c’est tout d’abord Dieu qui se préoccupe pour notre vie, qui veut la relever, et pour ce faire, il nous appelle par notre nom, en reconnaissant le visage personnel de chacun. Chaque homme est une histoire d’amour que Dieu écrit sur cette terre. Chacun de nous est une histoire d’amour de Dieu. Dieu appelle chacun de nous par son propre nom : il nous connaît par notre nom, il nous regarde, il nous attend, il nous pardonne, il a de la patience avec nous. Est-ce vrai ou n’est-ce pas vrai ? Chacun de nous fait cette expérience.

Et Jésus l’appelle: « Marie ! » : la révolution de sa vie, la révolution destinée à transformer l’existence de chaque homme et femme, commence par un nom qui retentit dans le jardin du sépulcre vide. Les Evangiles nous décrivent le bonheur de Marie : la résurrection de Jésus n’est pas une joie donnée au compte-goutte, mais une cascade qui renverse toute la vie. L’existence chrétienne n’est pas tissée de doux bonheurs, mais de vagues qui emportent tout. Essayez de penser vous aussi, en cet instant, avec le bagage de déceptions, et d’échecs que chacun de nous porte dans son cœur, qu’il y a un Dieu proche de nous qui nous appelle par notre nom et nous dit : « Relève-toi, arrête de pleurer, car je suis venu te libérer ! ».+ Cela est beau.

Jésus n’est pas quelqu’un qui s’adapte au monde, en tolérant que dans celui-ci se poursuivent la mort, la tristesse, la haine, la destruction morale des personnes... Notre Dieu n’est pas inerte, mais notre Dieu — je me permets le mot — est un rêveur : il rêve de la transformation du monde, et il l’a réalisée dans le mystère de la Résurrection.

Marie voudrait embrasser son Seigneur, mais Lui est désormais tourné vers le Père céleste, alors qu’elle est invitée à apporter l’annonce à ses frères. Et ainsi, cette femme qui, avant de rencontrer Jésus, était en proie au malin (cf. Lc 8, 2), est à présent devenue apôtre de la nouvelle et plus grande espérance. Que son intercession nous aide à vivre nous aussi cette expérience: à l’heure des pleurs, et à l’heure de l’abandon, entendre Jésus Ressuscité qui nous appelle par notre nom, et avec le cœur plein de joie aller annoncer : « J’ai vu le Seigneur ! » (v. 18). J’ai changé de vie parce que j’ai vu le Seigneur ! A présent, je suis différent d’avant, je suis une autre personne. J’ai changé parce que j’ai vu le Seigneur. Cela est notre force et cela est notre espérance. Merci.

À partir de la légende dorée.

La signification de Marie-Magdeleine.

Marie signifie mer amère, ou illuminatrice, ou illuminée. Ces trois significations font comprendre les trois excellentes parts qu’elle a choisies, savoir : la part de la pénitence, de la contemplation intérieure et de la gloire céleste. C’est de ces trois parts que le Seigneur a dit : « Marie a choisi une excellente part qui ne lui sera pas enlevée. »

La première part ne lui sera pas enlevée à cause de la fin qu’elle se proposait d’acquérir, la béatitude; ni la seconde à cause de la continuité, parce que la contemplation de la vie est continuée par la contemplation de la patrie : ni la troisième en raison de son éternité.

Madeleine veut dire restant coupable (manens rea) ou bien encore munie, invaincue, magnifique, qualités qui indiquent ce qu’elle fut avant, pendant, et après sa conversion.

La famille de Marie-Magdeleine.

Marie, surnommée Magdeleine, du château de Magdalon, naquit des parents les plus illustres, puisqu’ils descendaient de la race royale. Son père se nommait Syrus et sa mère Eucharie. Marie possédait en commun avec Lazare, son frère et Marthe, sa sueur, le château de Magdalon, situé à deux milles de Génézareth, Béthanie qui est proche de Jérusalem, et une grande partie de Jérusalem. Ils se partagèrent cependant leurs biens de cette manière : Marie eut Magdalon d’où elle fut appelée Magdeleine, Lazare retint ce qui se trouvait à Jérusalem, et Marie posséda Béthanie. Mais comme Magdeleine recherchait tout ce qui peut flatter les sens, et que Lazare avait son temps employé au service militaire, Marthe, qui était pleine de prudence, gouvernait avec soin les intérêts de sa sœur et ceux de son frère; en outre elle fournissait le nécessaire aux soldats, à ses serviteurs, et aux pauvres.

Toutefois ils vendirent tous leurs biens après l’ascension, de Jésus Christ et en apportent le prix aux apôtres. Comme donc Magdeleine regorgeait de richesses et que la volupté est la compagne accoutumée de nombreuses possessions, plus elle brillait par ses richesses et sa beauté, plus elle salissait son corps par la volupté. Aussi perdit-elle son nom propre pour ne plus porter que celui de pécheresse.

La rencontre avec Jésus.

Comme Jésus Christ prêchait çà et là, inspirée par la volonté divine, et ayant entendu dire que Jésus Christ dînait chez Simon le lépreux, Magdeleine y alla avec empressement, et n’osant pas, en sa qualité de pécheresse, se mêler avec les justes, elle resta aux pieds du Seigneur, qu’elle lava de ses larmes, essuya avec ses cheveux et parfuma d’une essence précieuse : car les habitants du pays, en raison de l’extrême chaleur du soleil, usaient de parfums et de bains.

Comme Simon le pharisien que si Jésus Christ était un prophète, il ne se laisserait pas toucher par une pécheresse, le Seigneur le reprit de son orgueilleuse justice et remit à cette femme tous ses péchés.

C’est à cette Marie-Magdeleine que le Seigneur accorda tant de bienfaits et donna de si grandes marques d’affection. Il chassa d’elle sept démons. Elle l’aima. Il en fit son amie de préférence. Il était son hôte. C’était elle qui dans ses courses, pourvoyait à ses besoins.

Les grâces que Marie-Madeleine obtint.

En toute occasion il prenait sa défense. Il la disculpa

En voyant ses larmes, il ne put retenir les siennes. Par son amour, elle obtint que son frère, mort depuis trois jours, fût ressuscité. Ce fut à son amitié que Marthe, sa sœur, dut d’être délivrée d’un flux de sang, dont elle était affligée depuis sept ans. À ses mérites Martille, servante, de sa sœur, eut l’honneur de proférer ce mot si doux qu’elle dit en s’écriant : « Bienheureux le sein qui vous a porté. »

D’après saint Ambroise, en effet, c’est de Marthe et de sa servante qu’il est question en cet endroit. C’est elle,

Ce fut à elle la première que Jésus Christ apparut lors de sa résurrection, et il la fit l’apôtre des apôtres. Après l’ascension du Seigneur, c’est-à-dire quatorze ans après la passion, les Juifs ayant massacré depuis longtemps déjà saint Etienne et ayant chassé les autres disciples de leur pays, ces derniers se retirèrent dans les régions habitées par les gentils, pour y semer la parole de Dieu. Il y avait pour lors avec les apôtres saint Maximin, l’un des 72 disciples, auquel Marie-Magdeleine avait été spécialement recommandée par Saint Pierre.

La dispersion.

Au moment de cette dispersion, saint Maximin, Marie-Magdeleine, Lazare, son frère, Marthe, sa sœur, et Manille, servante de Marthe, et enfin le bienheureux Cédonius, l’aveugle-né guéri par le Seigneur, furent mis par les infidèles sur un vaisseau tous ensemble avec plusieurs autres chrétiens encore et abandonnés sur la mer sans aucun pilote afin qu’ils fussent engloutis en même temps.

L'arrivée à Marseille.

Dieu permit qu’ils abordassent à Marseille. N’ayant trouvé la personne qui voulût les recevoir, ils restaient sous le portique d’un temple élevé à la divinité du pays. Or, comme sainte Marie-Magdeleine voyait le peuple accourir pour sacrifier aux dieux, elle se leva le visage tranquille, le regard serein, et par des discours fort adroits, elle le détourna du culte des idoles et lui prêcha sans cesse Jésus Christ. Tous admiraient ses manières fort distinguées, son aisance d'élocution, et le charme de son éloquence. Ce n’était pas merveille si une bouche qui avait embrassé avec autant de piété et de tendresse les pieds du Sauveur, eût conservé mieux que les autres le parfum de la parole de Dieu.

Marie-Madeleine sollicite par une vision une femme et son mari.

Alors arriva un prince du pays avec son épouse qui venait sacrifier aux idoles pour obtenir un enfant. Magdeleine, en leur annonçant Jésus Christ, les dissuada d’offrir des sacrifices. Quelques jours s’étant écoulés, Magdeleine, se montra dans une vision à cette dame et lui dit: « Pourquoi, vous qui vivez dans l’abondance, laissez-vous les saints de Dieu mourir de faim et de froid ? » Elle finit par la menacer que si elle ne persuadait pas à son mari de venir au secours de la misère des saints, elle encourrait la colère du Dieu tout puissant. Toutefois la princesse n’eut pas la force de découvrir sa vision à son mari.

La nuit suivante Magdeleine lui apparut et lui dit la même chose; mais cette femme négligea encore d’en faire part à son époux.

Une troisième fois, au milieu du silence de la nuit, Marie apparut à l’un et à l’autre. Elle frémissait et le feu de sa colère jetait une lumière qui aurait fait croire que toute la maison était en flammes. Elle dit : « Dors-tu, tyran ? Membre de Satan qui est ton père ? Tu reposes avec cette vipère, ta femme, qui n’a pas voulu te faire connaître ce que je lui ai dit. Te reposes-tu, ennemi de la croix de Jésus Christ ? Quand ton estomac est rempli d’aliments de toutes sortes, tu laisses périr de faim et de soif les saints de Dieu. Tu es couché dans un palais. Autour de toi ce ne sont que tentures de soie, et tu les vois désolés et sans asile, et tu passes outre. Non, cela ne finira pas de cette sorte : et ce ne sera pas impunément que tu auras différé de leur faire du bien. »

Cela dit et se retira. À son réveil la femme, haletante et effrayée, dit à son mari troublé comme elle : « Mon seigneur, avez-vous eu le même songe que moi ? »
Il répondit : « Oui, et je ne puis m’empêcher d’admirer et de craindre. Qu’avons-nous donc à faire ? »
La femme reprit : « Il vaut mieux pour nous, nous conformer à ce qu’elle dit, plutôt que d’encourir la colère de son Dieu dont elle nous menace. »

Ils reçurent donc les saints chez eux, et leur fournirent le nécessaire. Or, un jour que Marie-Magdeleine prêchait, le prince dont on vient de parler lui dit: « Penses-tu pouvoir justifier la foi que tu prêches ? »
Elle reprit : « Oui, je suis prête à la défendre. Elle est confirmée par les miracles quotidiens et la prédication de mon maître Saint Pierre, qui préside à Rome. ».
Le prince et son épouse lui dirent : « Nous voilà disposés à obtempérer à tous tes dires, si tu nous obtiens un fils du Dieu que tu prêches. »
Alors Magdeleine dit : « Ce ne sera pas moi qui serai un obstacle. »

La femme conçoit suite à la prière de Marie-Madeline.

Et Marie-Madeleine pria pour eux le Seigneur qu’il leur daignât accorder un fils. Le Seigneur exauça ses prières et la dame conçut. Alors son mari voulut partir pour aller trouver Saint Pierre, afin d'être sur que ce qu’avait annoncé Magdeleine touchant Jésus Christ était réellement la vérité.

Le mari et sa femme partent pour Rome en bateeau.

Sa femme lui dit: « Quoi ! Mon seigneur, pensez-vous partir sans moi ? Point du tout ; si vous partez, je partirai, si vous venez, je viendrai, si vous restez, je resterai. »
Son mari lui dit: « Il n’en sera pas ainsi, madame, car vous êtes enceinte et sur la mer on court des dangers sans nombre. Vous pourriez donc, facilement être exposée. Vous resterez en repos à la maison et vous veillerez sur nos possessions. »
Elle n’en persista pas moins, et obstinée comme l’est une personne de son sexe, elle se jeta avec larmes aux pieds de son mari qui obtempéra enfin à sa demande. Alors Marie mit le signe de la croix sur leurs épaules de crainte que l’antique ennemi ne leur nuisit en route. Ils chargèrent un vaisseau de tout ce qui leur était nécessaire, et après avoir laissé le reste à la garde de Marie-Madgdeleine, ils partirent. Ils n’avaient voyagé qu’un jour et une nuit quand la mer commença à s’enfler, le vent à gronder, de sorte que tous les passagers et principalement la dame enceinte et débile, ballottés ainsi par les vagues, furent en proie aux plus graves inquiétudes. Les douleurs de l’enfantement saisirent la femme tout à coup, et au milieu de ses souffrances et de la violence de la tempête, elle mit un enfant au monde et expira.

La femme meurt à la naissance de son bébé.

Or, le petit nouveau-né palpitait éprouvant le besoin de se nourrir du lait de sa mère qu’il semblait chercher en poussant des vagissements pitoyables. Hélas ! Quelle douleur ! En recevant la vie, cet enfant avait donné la mort à sa mère. Il ne lui restait plus qu’à mourir lui-même puisqu’il n’y avait personne pour lui administrer la nourriture nécessaire à sa conservation.

Que fera le pèlerin en voyant sa femme morte, et son, fils qui, par ses cris plaintifs, exprimait le désir de prendre le sein ? Il se lamentait beaucoup en disant : « Hélas ! Malheureux ! Aue feras-tu ? Tu as souhaité un fils et tu as perdu la mère qui lui donnait la vie. »

Les matelots criaient : « Qu’on jette ce corps à la mer, avant que nous ne soyons engloutis en même temps que lui, car tant qu’il sera avec nous, cette tempête ne cessera pas. » Et comme ils avaient pris le cadavre pour le jeter à la mer le pèlerin dit : « Un instant, un instant, si vous ne voulez pas attendre ni pour la mère ni pour moi, ayez pitié au moins de ce petit enfant qui crie. Attendez un instant, peut-être que la mère a seulement perdu connaissance dans sa douleur et qu’elle vit encore. »

Le corps de la femme et le bébé sont déposés sur une terre dans un endroit reculé.

Et voici que non loin du vaisseau apparut une colline. À cette vue, il pensa qu’il n’y avait rien de mieux à faire que d’y transporter le corps de la mère et l’enfant plutôt que de les jeter en pâture, aux bêtes marines. Ce fut par prières et par argent qu’il parvint à obtenir des matelots d’aborder. Et comme le rocher était si dur qu’il ne put creuser une fosse, il plaça le corps enveloppé d’un manteau dans un endroit des plus écartés de la montagne et déposant son fils contre son sein, il dit : « O Marie-Magdeleine , c’est pour mon plus grand malheur que tu as abordé à Marseille ! Pourquoi, faut-il que j’aie eu le malheur d’entreprendre ce voyage d’après tes avis ? As-tu demandé à Dieu que ma femme conçût afin qu’elle pérît ? Car voici qu’elle a conçu et, en devenant mère, elle subit la mort. Son fruit est né et il faut qu’il meure, puisqu’il n’y a personne pour le nourrir. Voici ce que j’ai obtenu par ta prière, je t’ai confié tous mes biens, je les confie à ton Dieu. Si tu as quelque pouvoir, souviens-toi de l’âme de la mère et à ta prière que ton Dieu ait pitié de l’enfant et ne le laisse pas périr. » Il enveloppa alors dans son manteau le corps de sa femme et de son fils et remonta sur le vaisseau.

La rencontre du mari avec saint Pierre.

Quand il fut arrivé chez Saint Pierre, celui-ci vint à sa rencontre, et en voyant le signe de la croix attaché sur ses épaules il lui demanda qui il était et d’où il venait. Le pèlerin lui raconta tout ce qui s’était passé.

Pierre lui dit: « La paix soit avec vous. Vous avez bien fait de venir et vous avez été bien inspiré de croire. Ne vous tourmentez pas si votre femme dort, et si son enfant repose avec elle, car le Seigneur a le pouvoir de donner à qui il veut, de reprendre ce qu’il a donné, de rendre ce qui a été enlevé, et de changer votre douleur en joie. »

Or, Saint Pierre le conduisit lui-même à Jérusalem et lui montra chacun des endroits où Jésus Christ avait prêché, et avait fait des miracles, comme aussi le lieu où il avait souffert, et celui d’où il était monté aux cieux. Après avoir été instruit avec soin dans la foi par Saint Pierre, il remonta sur un vaisseau après deux ans révolus, dans l’intention de regagner sa patrie.

Le mari repasse à l'endroit où il a déposé sa femme.

Dieu permit que dans le trajet, ils passassent auprès de la colline où avait été déposé le corps de sa femme avec le nouveau-né, et par prière et par argent il obtint d’y débarquer. Or, le petit enfant, qui avait été gardé sain et sauf par sainte Marie-Magdeleine, venait souvent sur le rivage, et comme tous les enfants, il avait coutume de jouer avec des coquillages et des cailloux. En abordant, le pèlerin vit donc un petit enfant qui s’amusait, comme on le fait à son âge, avec des pierres. Il ne se lassait pas d’admirer jusqu’à ce qu’il descendît de la nacelle. En l’apercevant, l’enfant qui n’avait jamais vu de semblable chose, eut peur et courut comme il avait coutume de le faire au sein de sa mère sous le manteau de laquelle il se cacha.

Or, le pèlerin; pour mieux s’assurer de ce qui se passait, s’approcha de cet endroit et y trouva un très bel enfant qui prenait le sein de sa mère. Il l’accueillit dans ses bras. Il dit : « Ô bienheureuse Marie-Magdeleine, quel bonheur pour moi ! Comme tout me réussirait, si ma femme vivait et pouvait retourner avec moi dans notre patrie ! Je sais, oui, je sais, et je crois sans aucun doute que vous qui m’avez donné un enfant et qui l’avez nourri sur ce rocher pendant deux ans, vous pourriez, par vos prières, rendre à sa mère la santé dont elle a joui auparavant. »

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La femme rescucite suite à la prière de son mari.

À ces mots, la femme respira et dit comme si elle se réveillait : « Votre mérite est grand, bienheureuse Marie-Magdeleine, vous êtes glorieuse, vous qui, dans les douleurs de l’enfantement, avez rempli pour moi l’office de sage-femme, et qui en toute circonstance m’avez rendu les bons soins d’une servante. »
En entendant ces paroles, le pèlerin fut plein d’admiration. Il dit : « Vivez-vous, ma chère épouse? »
Ell répondit : « Oui, je vis. Je viens d’accomplir le pèlerinage que vous avez fait vous-même. C’est Saint Pierre qui vous a conduit à Jérusalem et qui vous a montré tous les lieux où Jésus Christ avait souffert, est mort et a été enseveli, et beaucoup d’autres encore. Moi, c’est avec sainte Marie-Magdeleine pour compagne et pour guide que j’ai vu chacun de ces lieux avec vous. J’en ai confié le souvenir à ma mémoire. »

Alors elle énuméra tous les endroits où Jésus Christ a souffert, raconta les miracles qui avaient eu son mari pour témoin, sans la moindre hésitation.

Le retour à Marseille.

Le pèlerin joyeux prit la mère et l’enfant, s’embarqua et peu après ils abordèrent à Marseille, où, étant entrés, ils trouvèrent sainte Marie-Magdeleine annonçant la parole de Dieu avec ses disciples. Ils se jetèrent à ses pieds en pleurant, lui racontèrent tout ce qui leur était arrivé, et reçurent le baptême des mains du bienheureux Maximin. Alors ils détruisirent dans Marseille tous les temples des idoles, et élevèrent des églises en l’honneur de Jésus Christ. Ensuite ils choisirent à l’unanimité le bienheureux Lazare pour évêque de la cité. Enfin conduits par l’inspiration de Dieu, ils vinrent à Aix dont ils convertirent la population à la foi de Jésus Christ en faisant beaucoup de miracles et où le bienheureux Maximin fut de son côté, ordonné évêque.

Marie -Madeleine se retire dans un désert.

Cependant la bienheureuse Marie-Magdeleine, qui aspirait ardemment se livrer à la contemplation des choses supérieures, se retira dans un désert affreux où elle resta inconnue l’espace de trente ans, dans un endroit préparé par les mains des anges. Dans ce lieu, il n’y avait aucune ressource, ni cours d’eau, ni arbres, ni herbe. Il fut évident que notre Rédempteur la rassasiait, non pas de nourritures terrestres, mais seulement des mets du ciel. Chaque jour, à l’instant des sept heures canoniales; elle était enlevée par les anges au ciel et elle y entendait, avec les oreilles du corps, les concerts charmants des chœurs célestes. Il en résultait que, rassasiée chaque jour à cette table succulente, et ramenée par les mêmes anges aux lieux qu’elle habitait, elle n’éprouvait pas le moindre besoin d’user d’aliments corporels.

Un prêtre rencontre Marie-Magdeleine.

Un prêtre, qui désirait mener une vie solitaire, plaça sa cellule dans un endroit voisin de douze stades de celle de Marie-Magdeleine. Un jour donc, le Seigneur ouvrit les yeux de ce prêtre qui put voir clairement comment les anges descendaient dans le lieu où demeurait la bienheureuse Marie, la soulevaient dans les airs et la rapportaient une heure après dans le même lieu, en chantant les louanges du Seigneur. Alors le prêtre, voulant s’assurer de la réalité de cette vision, après s’être recommandé par la prière à son créateur, se dirigea avec dévotion et courage vers cet endroit. Il n’en était éloigné que d’un jet de pierre, quand, ses jambes commencèrent à fléchir. Une crainte violente le saisit et lui ôta la respiration. S’il revenait en arrière, ses jambes et ses pieds reprenaient des forces pour marcher, mais s’il rebroussait chemin pour tenter de s’approcher du lieu en question, chaque fois la lassitude s’emparait de son corps, et son esprit s’engourdissait. L’homme de Dieu comprit donc qu’il y avait là un secret du ciel auquel l’esprit humain ne pouvait atteindre. Après avoir invoqué le nom du Sauveur il s’écria : « Je t’adjure par le Seigneur, que si tu es un homme ou bien une créature raisonnable habitant cette caverne, tu me répondes et tu me dises la vérité. ».
Et quand il eut répété, ces mots par trois fois, la bienheureuse Marie-Magdeleine lui répondit : « Approchez plus près, et vous pourrez connaître la vérité de tout ce que votre âme désire. ».
Quand il se fut approché tout tremblant jusqu’au milieu de la voie à parcourir, elle lui dit : « Vous souvenez-vous qu’il est question, dans l’Évangile, de Marie, cette fameuse pécheresse, qui lava de ses larmes les pieds du Sauveur, et les essuya de ses cheveux, ensuite mérita le pardon de ses fautes? »
Le prêtre lui répondit : « Je m’en souviens et depuis plus de trente ans la sainte église croit et confesse ce fait. »
Elle dit : « C’est moi qui suis cette femme. J’ai demeuré inconnue aux hommes l’espace de trente ans, et comme il vous a été accordé de le voir hier, chaque jour, je suis enlevée au ciel par les mains des anges, et j’ai eu le bonheur d’entendre des oreilles du corps les admirables concerts des choeurs célestes, sept fois chaque jour. Or, puisqu’il m’a été révélé par le Seigneur que je dois sortir de ce monde, allez trouver le bienheureux Maximin, et dites-lui que, le jour de Pâques prochain, à l’heure qu’il a coutume de se lever pour aller à matines, il entre seul dans son oratoire et qu’il m’y trouvera transportée par le ministère des anges. ».

Le prêtre entendait sa voix, comme celle d’un ange, mais il ne voyait personne. Il se hâta donc d’aller trouver saint Maximin, et lui raconta tous ces détails. Saint Maximin, rempli d’une grande joie, rendit alors au Sauveur d’immenses actions de grâce, et au jour et à l’heure qu’il lui avait été dit, en entrant dans son oratoire, il vit la bienheureuse Marie-Magdeleine debout dans le chœur, au milieu des anges qui l’avaient amenée. Elle était à deux coudées au-dessus de terre, debout au milieu des anges et priant Dieu, les mains étendues. Comme le bienheureux Maximin redoutait d’approcher auprès d’elle, Marie dit en se tournant vers lui : « Approchez plus près ; ne fuyez pas votre fille, mon père. » En s’approchant, selon qu’on le lit dans les livres de saint Maximin lui-même, il vit que le visage de la sainte rayonnait de telle sorte par les continuelles et longues communications avec les anges, que les rayons du soleil étaient moins éblouissants que sa face. Maximin convoqua tout le clergé et le prêtre. Marie-Magdeleine reçut le corps et le sang du Seigneur des mains de l’évêque, avec une grande abondance de larmes. S’étant ensuite prosternée devant la base de l’autel, sa très sainte âme passa au Seigneur après qu’elle fut sortie de son corps. Une odeur si suave se répandit dans le lieu même, que pendant près de sept jours, ceux qui entraient dans l’oratoire la ressentaient. Le bienheureux Maximin embauma le très saint corps avec différents aromates, l’ensevelit, et ordonna qu’on l’ensevelit lui-même auprès d’elle après sa mort.

Hégésippe, ou bien Joseph, selon d’autres, est assez d’accord avec cette histoire. Il dit, en effet, dans son traité, que Marie-Magdeleine, après l’ascension du Seigneur, poussée par son amour envers Jésus Christ et par l’ennui qu’elle en avait, ne voulait plus voit d’homme en face. Mais que par la suite elle vint au territoire d’Aix, s’en alla dans un désert où elle resta inconnue l’espace de trente ans. D’après son récit chaque jour, elle était transportée dans le ciel pour les sept heures canoniales. Il ajoute cependant qu’un prêtre, étant venu chez elle, la trouva enfermée dans sa cellule. Il lui donna un vêtement suite à la demande qu’elle lui en fit. Elle s’en revêtit, alla avec le prêtre à l’église où après avoir reçu la communion, elle éleva, les mains pour prier et mourut en paix face à l’autel.

Les reliques à Vézelay.

Au temps de Charlemagne, c’est-à-dire, l’an du Seigneur 769, Gyrard, duc de Bourgogne, ne pouvant avoir de fils de son épouse, faisait de grandes largesses aux pauvres, et construisait beaucoup d’églises et de monastères. Ayant donc fait bâtir l’abbaye de Vézelay, il envoya, de concert avec l’abbé de ce monastère, un moine avec une suite convenable, à la ville d’Aix, pour en rapporter, s’il était possible, les reliques de sainte Marie-Magdeleine. Ce moine arrivé à Aix trouva la ville ruinée de fond en comble par les païens. Le hasard, lui fit découvrir un sépulcre dont les sculptures en marbre lui prouvèrent que le corps de sainte Marie-Magdeleine était renfermé dans l’intérieur. En effet l’histoire de la sainte était sculptée avec un art merveilleux sur le tombeau. Une nuit donc, le moine le brisa, prit les reliques et les emporta à son hôtel. Cette nuit-là, la bienheureuse Marie-Magdeleine apparut à ce moine et lui dit de n’avoir aucune crainte mais d’achever l’œuvre qu’il avait entreprise.

Quelques miracles.

À son retour, alors qu'il était éloigné d’une demi-lieue de son monastère, il lui devint impossible de déplacer les reliques jusqu’à l’arrivée de l’abbé avec les moines qui les reçurent en procession avec grand honneur. Un soldat qui avait l’habitude de venir chaque année en pèlerinage au corps de la bienheureuse Marie-Magdeleine fut tué dans aine bataille. On l’avait mis dans le cercueil et ses parents en pleurs se plaignaient avec confiance à sainte Magdeleine de ce qu’elle avait laissé mourir sans qu’il eût eu le temps de se confesser et de faire pénitence, un homme qui lui avait été si dévot. Tout à coup, à la stupéfaction générale, celui qui était mort ressuscita, demanda un prêtre, et après s’être dévotement confessé et avoir reçu le viatique, il mourut en paix aussitôt.

Un navire sur lequel se trouvaient beaucoup d’hommes et de femmes fit naufrage. Mais une femme enceinte, se voyant en danger de périr dans la mer, invoquait, autant qu’il était en son pouvoir, sainte Magdeleine, et faisait vœu que si, grâce à ses mérites elle échappait au naufrage et mettait un fils au monde, elle le dédierait à son monastère. À l’instant, une femme d’un aspect et d’un port vénérable lui apparut, la prit par le menton et la conduisit saine et sauveur le rivage quand tous les autres périssaient. Peu de temps après, elle mit au monde un fils et accomplit fidèlement son vœu.

Il y en a qui disent que Marie-Magdeleine était fiancée à saint Jean l’évangéliste, et qu’il allait l’épouser quand Jésus Christ l’appela au moment de ses noces. Indignée de ce que le Seigneur lui avait enlevé son fiancé, Magdeleine s’en alla et se livra à la volupté. Mais comme il n’était pas convenable que la vocation de Jean fût pour Magdeleine une occasion de se damner, le Seigneur, dans sa miséricorde, la convertit à la pénitence. En l&rsEquo;arrachant aux plaisirs des sens, il la combla des joies spirituelles qui se trouvent dans l’amour de Dieu. Quelques-uns prétendent que si Notre Seigneur admit saint Jean dans une intimité plus grande que les autres, ce fut parce qu’il l’arracha à l’amour de Magdeleine. Mais ce sont des choses fausses et frivoles; car frère Albert, dans le prologue sur l’Évangile de saint Jean, pose en fait que cette fiancée dont saint Jean fut séparé au moment de ses noces par la vocation de Jésus Christ, resta vierge et s’attacha par la suite à la sainte Vierge Marie, mère de Jésus Christ et qu’enfin elle mourut saintement.

Un homme privé de la vue venait au monastère de Vézelay visiter le corps de Sainte Marie-Magdeleine, quand son conducteur lui dit qu’il commençait à apercevoir l’église. Alors l’aveugle s’écria à haute voix : « O sainte Marie-Magdeleine ! Que ne puis-je avoir le bonheur, de voir une fois votre église ! ». À l’instant ses yeux furent ouverts.

Un homme avait écrit ses péchés sur une feuille qu’il posa sous la nappe de l’autel de sainte Marie-Magdeleine, en la priant de lui en obtenir la rémission. Peu de temps après il reprit sa feuille et tous les péchés en avaient été effacés.

Un homme détenu en prison pour de l’argent qu’on exigeait de lui, invoquait à son secours sainte Marie-Magdeleine. Voici qu’une nuit lui apparut une femme d’une beauté remarquable qui, brisant ses chaînes et lui ouvrant la porte, lui commanda de fuir. Ce prisonnier se voyant délivré s’enfuit aussitôt.

Un clerc de Flandre, nommé Étienne, avait fait de tels crimes, en s’adonnant à toutes les scélératesses, qu’il ne voulait plus entendre parler des choses qui regardent le salut. IL ne pratiquait plus. Cependant il avait une grande dévotion pour sainte Marie-Magdeleine. Il jeûnait à l'occasion des vigiles et honorait le jour de sa fête. Un jour, alors qu’il visitait son tombeau, sainte Marie-Magdeleine lui apparut alors qu’il n’était ni tout à fait endormi, ni tout à fait éveillé. Elle avait la figure d’une belle femme. Sses veux étaient tristes, et elle était soutenue à droite et à gauche par deux anges . Elle lui dit : « Je t’en prie, Etienne, pourquoi te livres-tu à des actions indignes de moi ? Pourquoi n’es-tu pas touché par les paroles pressantes que je t’adresse, de ma propre bouche ? Dès l’instant que tu as eu de la dévotion pour moi, j’ai toujours prié d’une manière pressante le Seigneur pour toi. Allons, courage, repens-toi, car je ne t’abandonnerai pas tant que tu ne sera pas réconcilié avec Dieu. » Il se sentit inondé de tant de grâces que, renonçant au inonde, il entra en religion et mena une vie parfaite. &Agrve; sa mort, on vit sainte Marie-Magdeleine apparaître avec des anges auprès de son cercueil, et porter au ciel, avec des cantiques, son âme sous la forme d’une colombe.

Sources

Notes