Saint Romain |
Dernière mise à jour le 17/02/2022 Plan du site Menu en haut d’écran Aide |
Fête | 28 février | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Naissance | vers l’an 390 | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Mort | 28/02/460 | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Fonction | fondateur des monastères du Mont Jura | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Saints contemporains |
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Hommes contemporains |
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Événements religieux |
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Saint Romain et saint Lupicin naquirent d'une honnête famille vers la fin du 4e siècle, dans cette partie de l'ancienne province des Séquanais, connue actuellement sous le nom de Haut-Bugey. Quelques auteurs pensent que la ville d'Izemore, ville considérable à cette époque, fut la patrie de ces deux frères, dont le berceau se trouve aujourd'hui placé dans le diocèse de Belley.
Romain devança son frère dans la carrière de la perfection évangélique. Il fut prévenu dès l'enfance par la grâce de Jésus-Christ qui le garantit des dérèglements ordinaires à la jeunesse, et qui lui fit faire de grands progrès dans la vertu à mesure qu'il croissait en âge. On prit peu de soin à cultiver son esprit par l'étude des lettres humaines, mais il se rendit très habile dans une autre science, sans comparaison plus estimable, qui est celle de la charité. Il renonça au mariage avec la résolution de se donner entièrement au service de Dieu qui, étant l'unique auteur de son dessein, le conduisit lui-même comme par la main dans les voies du salut.
Avant de s'engager dans les pratiques de la vie monastique dont il n'existait point encore de maître dans les montagnes du Jura, il alla se mettre quelque temps sous la conduite de l'abbé Sabin qui gouvernait à Lyon le monastère d'Ainay(1), bâti au confluent du Rhône et de la Saône, proche du lieu où avaient souffert les martyrs de Lyon. Ce lieu était fort célèbre par une église bâtie sur les cendres des saints martyrs de Lyon : car, quoique les païens, après avoir brûlé leurs corps, en eussent jeté les cendres dans le Rhône, les fidèles en avaient cependant ramassé une grande partie qu'ils déposèrent en cet endroit. Romain y étudia toutes les pratiques de la vie cénobitique, et il obtint de cet abbé un exemplaire de la Vie des Pères, et un autre des Institutions de Cassien, qui étaient alors tout récemment écrites.
Avec ces secours et les leçons qu'il avait reçues, il se retira à l'âge de trente-cinq ans dans les forêts du mont Jura qui séparent aujourd'hui la Franche-Comté du pays de Gex, et se fixa, vers l'an 425, dans un lieu nommé Condat ou Condastiscone, où, entre trois montagnes, il trouva un espace de terre propre à la culture, une fontaine qui lui offrait une eau limpide, et des arbres qui lui fournissaient des fruits sauvages. Son temps était partagé entre la prière, la lecture et le travail des mains. Il passa ainsi quelques années dans cette solitude, au milieu des bêtes féroces, oublié du monde qu'il avait oublié le premier. Cependant voici que Dieu, après l'avoir formé lui-même dans le silence et la retraite, va le mettre à la tête de la nation sainte qu'il s'est choisie dans les montagnes du Jura, pour en être le guide et le modèle.
Romain avait laissé dans le siècle un frère nommé Lupicin, qui avait comme lui dès son enfance vécu dans l'innocence et la crainte de Dieu, mais que son père avait malgré lui engagé dans le mariage. La Providence rompit bientôt ses liens par la mort de sa femme et par celle de son père ; de sorte que n'ayant plus qu'une mère et une sœur à ménager, il leur fit trouver bon qu'il les quittât pour aller rejoindre Romain, son frère, qu'il avait vu en songe l'appeler dans son désert. Ils s'animèrent l'un l'autre par leur exemple mutuel à la pratique des plus austères vertus, et plus unis encore par le désir de se sanctifier que par les liens du sang, ils n'avaient de différends entre eux que ceux que l'humilité faisait naître.
L'ennemi ordinaire du salut tâcha de détruire une si sainte union, et peu s'en fallut que par la violence des tentations il ne réussit à leur faire abandonner leur solitude et leurs premières résolutions. Dieu les ayant enfin délivrés par sa grâce des insultes secrètes et humiliantes de leur ennemi, ils marchèrent avec plus d'ardeur qu'auparavant dans la voie étroite et pénible qui conduit à la vie éternelle. Leur renouvellement devint une source de grâces et de bénédictions pour beaucoup d'autres ; car l'odeur de leurs vertus, s'étant répandue au loin en peu de temps, attira dans leur désert plusieurs personnes qui fuyaient le monde pour venir se mettre sous leur conduite. Les premiers qui découvrirent avec beaucoup de peine la retraite de nos saints furent deux jeunes ecclésiastiques de cette partie de la Bourgogne qui forme aujourd'hui le pays de Gex ; d'autres les y suivirent, et le nombre de leurs disciples s'accrut de telle sorte qu'ils se virent obligés de bâtir un monastère régulier. On commença dès-lors à leur amener des malades et des possédés ; et les merveilles qu'ils opéraient sur le corps de ces malheureux en produisaient de plus grandes encore sur leurs âmes, car ceux qui se trouvaient guéris par la vertu de leurs prières restaient ordinairement dans le monastère, pour s'exercer sous leur discipline dans les veilles, les jeûnes et les autres pratiques de la vie spirituelle.
Voilà quels furent les commencements de la célèbre abbaye de Condat, qui fut depuis nommée de Saint-Oyen, disciple de nos deux saints, et ensuite de Saint-Claude, évêque de Besançon, qui vint s'y retirer après avoir quitté sa prélature.
La stérilité des montagnes qui environnaient le vallon, et le grand nombre de solitaires qui augmentaient tous les jours, contraignirent les deux frères à s'étendre au-delà et à bâtir un monastère dans un lieu voisin nommé Lauconne. Ils gouvernaient conjointement ces deux communautés avec une union et une concorde que l'on pouvait regarder comme l'ouvrage particulier du Saint-Esprit, qui sait allier les choses opposées entre elles et former comme il lui plaît un mélange salutaire des humeurs contraires des hommes pour l'exécution de ses desseins. La grâce semble quelquefois en effet prendre plaisir à varier ses ouvrages et à diversifier les fruits de sainteté qu'elle produit.
Romain et Lupicin, quoique frères et animés du même esprit, étaient d'un caractère tout différent. Le premier était naturellement doux, paisible et accommodant ; le second, au contraire, était ferme et rigide ; toujours la sévérité présidait à ses conseils, et toujours ses actions se ressentaient d'un rigorisme qui eût paru outré, si Lupicin n'eût été encore plus dur envers lui-même qu'envers les autres. Mais la grâce qui avait, encore plus que la fraternité, associé ces deux saints tempéra si heureusement la faiblesse de l'un par la rigidité de l'autre, qu'il en résulta une conduite excellente pour le salut de ceux qu'ils gouvernaient. Romain prévenait toujours de sa clémence ceux qui se trouvaient en faute, sans même attendre qu'ils se reconnussent coupables et qu'ils demandassent pardon. Lupicin, sans s'opposer absolument à cette indulgence de son frère, la resserrait le plus qu'il pouvait, dans la crainte qu'elle n'ouvrît la porte au relâchement et n'autorisât les rechutes. Romain ne croyait pas devoir imposer à ses disciples un joug plus pesant que celui qu'ils paraissaient volontairement disposés à porter ; Lupicin, estimant que les religieux doivent tendre à la perfection, ne jugeait pas que ce fût trop exiger d'eux de les presser par des discours qui n'étaient qu'une exposition simple de ce que lui-même et son frère pratiquaient pour leur donner l'exemple. Romain ne faisait aucune acception de personnes, et recevait indifféremment tous ceux qui se présentaient ; Lupicin se montrait difficile dans le choix de ceux qu'il s'agissait d'admettre, et usait d'une grande circonspection envers les novices. Mais comme cette contrariété, qui aurait pu produire de la division entre des personnes moins unies, était toujours accompagnée d'une parfaite intelligence dans ces deux saints qui agissaient par un même principe et pour une même fin, on trouvait toujours dans l'un de quoi suppléer à ce qui manquait dans l'autre. Saint Romain, quoique l'aîné, cédait souvent à saint Lupicin, soit par raison, soit par tempérament, soit par vertu ; mais Dieu ne laissait pas de se déclarer de temps en temps par des effets sensibles en faveur de sa mansuétude, et l'on vit des conversions admirables de religieux sortis plus d'une fois du monastère et qu'il avait reçus aussi souvent qu'ils avaient demandé à rentrer. Un des anciens religieux de sa communauté, de l'esprit et du caractère de saint Lupicin, le reprit un jour assez fortement de cette facilité à recevoir les postulants, et de ce qu'ayant rempli le monastère de gens qui paraissaient plutôt ramassés que choisis, il ne restait pas de place pour des sujets plus dignes quand il s'en présenterait ; il l'engageait même à renvoyer tous ceux en qui se trouvait le moindre défaut, et à ne garder que ceux qui donnaient les preuves d'une vertu solide et d'une vocation bien éprouvée. Saint Romain, sans témoigner qu'il trouvait déplacée cette remontrance de la part d'un inférieur, se contenta de lui répondre : Qu'il n'était pas aisé de faire le discernement qu'il souhaitait ; que Dieu seul connaissait le fond et la disposition des cœurs ; que parmi ses disciples il s'en était trouvé qui avaient commencé avec ferveur et qui ensuite étaient tombés dans le relâchement ; que d'autres l'avaient quitté deux ou trois fois, et qu'étant rentrés dans le monastère, ils y avaient servi Dieu le reste de leurs jours avec une piété exemplaire ; qu'entre ceux mêmes qui s'étaient tout-à-fait séparés pour retourner dans le monde , quelques-uns, loin de s'abandonner au vice, avaient religieusement pratiqué les maximes qu'ils avaient apprises au monastère ; que d'autres même, élevés à la prêtrise, gouvernaient actuellement des églises et des monastères avec édification.
Une année que les fruits furent plus abondants, les moines de Condat en prirent occasion de se relâcher de leur abstinence, et ils s'élevèrent avec orgueil contre saint Romain qui les en reprenait avec sa douceur ordinaire. Le saint abbé appela à son secours son frère Lupicin qui, pour rétablir la première austérité, ne fit servir d'abord que de la bouillie faite avec de l'orge, sans sel et sans huile. Une nourriture aussi insipide ne fut pas du goût des moines relâchés : ils murmurèrent, et quand ils virent leurs murmures inutiles, douze prirent le parti de quitter le monastère, y laissant par leur fuite la paix et la régularité.
Saint Romain, affligé de voir que la sévérité de son frère avait obligé ces religieux à quitter leur état, ne put s'empêcher de lui en faire quelques plaintes. L'austère abbé de Lauconne lui remontra qu'il ne devait point s'attrister de la sortie de ces personnes, puisque l'aire du Seigneur avait été purgée, et que la paille légère ayant été souillée dehors par le vent de l'orgueil, il n'était resté que le bon grain. Cette réponse, toute conforme qu'elle paraissait à l'esprit de l'Evangile, ne put consoler saint Romain de la perte de ses frères, parce qu'il ne pouvait éteindre dans son cœur cette tendre charité qui lui faisait craindre pour leur salut ; il les pleura, mais avec la confiance que celui qui avait daigné mourir pour eux les ferait revivre et rentrer en grâce : en effet, il obtint leur conversion par l'ardeur et par la persévérance de ses prières ; tous revinrent, les uns plus tôt, les autres plus tard, et touchés d'un repentir salutaire, ils firent une pénitence édifiante.
Sur ces entrefaites, saint Hilaire, évêque d'Arles, suivant la prétention qu'avait son Eglise sur la suprématie des Gaules, depuis que l'empereur Honorius y avait transporté le siège de la préfecture du prétoire, après la ruine de Trêves par les Barbares, s'était rendu à Besançon l'an 444, pour informer contre Célidoine, évêque de cette ville, accusé d'avoir épousé une veuve, et qui fut déposé. Saint Hilaire entendit parler des vertus et des mérites qui rendaient célèbres les deux abbés du Jura ; il envoya des clercs à saint Romain, pour le prier de venir le trouver à Besançon. L'humble religieux s'y rendit, et le saint évêque, pour honorer sa personne et lui donner plus d'autorité, l'ordonna prêtre, malgré sa résistance. Cet honneur ne produisit point de changement dans la conduite de saint Romain, qui était alors âgé d'environ cinquante quatre ans, mais il donna un nouvel éclat à son humilité et à la judicieuse simplicité de sa conduite. Il ne crut pas que la dignité du sacerdoce dût le distinguer de ses frères, hors le temps du sacrifice ; il fut toujours simple, familier avec eux, et ne chercha jamais à les surpasser qu'en régularité et en mortifications.
La réputation de saint Romain se répandit de jour en jour plus au loin, et lui attira un si grand nombre de disciples, qu'il fut obligé de bâtir d'autres monastères, dans les Vosges et jusqu'en Allemagne. L'un des plus célèbres fut celui qu'il fonda dans le diocèse de Lausanne, et qui donna naissance à un bourg, connu aujourd'hui sous le nom de Romain-Moutier, dans le pays de Vaud.
Les deux saints avaient une sœur qui voulut imiter leur genre de vie ; ils lui bâtirent un monastère sur une roche voisine de Lauconne, pleine de cavernes, ce qui fit appeler ce couvent la Baume, nom qui signifie caverne en langue celtique, et qui a passé dans le patois de notre pays, où l'on appelle Balmes les grottes qui se trouvent en grande quantité dans nos montagnes du Bugey. Cette nouvelle communauté devint si nombreuse, qu'à la mort de saint Romain on y comptait cent cinq religieuses, qui gardaient une clôture si exacte, qu'elles ne sortaient de l'enceinte du monastère que pour être portées en terre. Quoique plusieurs d'entre elles eussent >leurs frères ou même leurs fils dans le monastère de Lauconne qui en était si proche, elles ne leur parlaient jamais : les uns et les autres se regardaient déjà comme ensevelis.
Saint Romain avait tiré la règle qu'il établit dans ces monastères des Observances de Lérins et des Institutions de Cassien. Il avait aussi pris des moines orientaux, et surtout de la règle de saint Basile et de celle de saint Pacôme, les usages qui pouvaient convenir au climat et au tempérament des Gaulois. Ses moines cultivaient la terre pour vivre ; ils ne mangeaient jamais de chair, à moins qu'ils ne fussent malades ; mais ils mangeaient des œufs et du laitage. Tous les monastères établis par saint Romain et saint Lupicin les reconnaissaient pour leurs pères et leurs directeurs, et la maison de Condat pour leur mère et la source de leur origine. Aussi la règle s'y conserva beaucoup plus longtemps qu'ailleurs dans sa pureté et son exactitude ; ce n'est pas qu'ils ne s'efforçassent de l'entretenir également dans toutes leurs communautés, mais celle de Condat se trouva plus particulièrement animée du bon esprit qui se perpétua dans ceux qui leur succédèrent.
Les deux frères visitaient fréquemment et tour-à-tour les maisons éloignées, et souvent ils profitaient de ces voyages pour faire des pèlerinages de piété dans des lieux voisins consacrés par la dévotion des fidèles.
Saint Romain allant visiter le tombeau de saint Maurice, à Agaune, avec Pallade, son compagnon, fut surpris par la nuit près de Genève. Il se retira dans une cabane de lépreux qui lui donnèrent l'hospitalité, avec d'autant plus d'empressement qu'il ne témoigna pas la moindre répugnance en voyant l'affreuse maladie dont l'horreur les avait fait séquestrer de la société. Mais quelle ne fut pas leur surprise le lendemain en s'éveillant de se voir entièrement guéris ! Leur bienfaiteur avait quitté la chaumière de très-grand matin : sachant qu'il avait pris le chemin de Genève, ils lui coururent après pour lui exprimer leur reconnaissance ; ils ne purent l'atteindre, mais cette reconnaissance s'exhala en démonstrations publiques, et bientôt toute la ville de Genève, où ces deux lépreux étaient connus, fut instruite du miracle qui venait de s'opérer en leur faveur.
A son retour d'Agaune, saint Romain fut accueilli avec grand appareil par le clergé, par les magistrats et le peuple de Genève qui le conduisirent en triomphe, suivi des deux lépreux guéris que l'on regardait comme sa conquête. La confusion que lui causaient tous ces honneurs fut grande, mais elle ne l'empêcha pas de profiter de cette occasion pour exhorter les Genevois à demeurer fermes dans la foi si fertile en miracles. Saint Romain ne pouvant souffrir les louanges des hommes, alla promptement se renfermer dans son monastère de Condat, où il mourut saintement quelque temps après, âgé de soixante-dix ans, en présence de saint Lupicin, son frère, et de sa sœur, abbesse de la Baume, auxquels il recommanda, au nom de Jésus-Christ, tous les religieux et les religieuses des maisons qu'il avait fondées.
L'on place sa mort au 28 février 460.
Son corps fut porté dans le monastère de la Baume, comme il l'avait accordé à sa sœur. Dieu continua de l'honorer du don des miracles après sa mort, pour attester sa sainteté et faire éclater sa gloire. Ses reliques furent conservées avec soin en ces lieux, et c'est en vain que les Espagnols se sont vantés de les avoir, prétendant, sur la foi de fausses chroniques, que saint Romain était mort à Evora en Portugal, après avoir professé la règle de saint Benoît, qui ne vint au monde que vingt ans après la mort du saint. Adon et Usuard, écrivains du IXe siècle, l'ont mentionné le 28 février dans leur Martyrologe ; on les a suivis dans le Romain moderne ; l'Eglise de Lyon et celle de Belley en font ce jour-là l'office du rit simple. Il en était ainsi à Saint-Claude avant la révolution de 1790 ; mais aujourd'hui que ce diocèse suit le rit de Besançon, on y fait la fête de saint Romain le 17 mai.
Si l'abbaye de Condat, qui a toujours passé pour le plus ancien et le plus célèbre des monastères du mont Jura, n'a point pris le nom de saint Romain, comme il semble qu'elle devait le faire en l'honneur de son saint fondateur, c'est qu'elle ne possédait point ses reliques. Peu de temps après, ainsi que nous le dirons plus bas, Condat fut appelé : Abbaye de Saint-Oyen, parce que ce saint abbé y fut enterré ; elle porta ce nom jusqu'au XIVe siècle. Alors on lui donna celui de Saint-Claude, à cause du grand concours qui se faisait au tombeau de ce saint archevêque dont le corps a reposé dans ce monastère jusqu'à la dernière persécution du XVIIIe siècle.
Sources |
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(1) | Ce monastère, un des plus anciens des Gaules, s'appelait en latin Athanacence.
Il avait été fondé en l'honneur des saints martyrs de Lyon. Autrefois il était dans les faubourgs de cette ville ; mais depuis longtemps il était renfermé dans l'enceinte de ses murailles.
Il fut nommé Athanacense d'un mot grec qui signifie immortel, ou plus tôt d'Athenœum (académie), parce que l'empereur Caligula avait établi en ce lieu une célèbre académie d'éloquence.
C'est là aussi qu'on voyait le fameux temple que les soixante nations des Gaules avaient consacré à la gloire d'Auguste.
L'ancienne église des martyrs de Lyon étant tombée en ruine, Brunehaut, reine de Bourgogne, la fit rebâtir avec un monastère, vers l'an 620 ; et c'est pour ce motif qu'elle en est regardée comme fondatrice.
Cette abbaye, qui avait passé à la congrégation de Cluny, s'était prodigieusement relâchée par la suite des temps.
Innocent XI la sécularisa en 1680, à la requête de Louis XIV. L'église collégiale et abbatiale d'Ainai avait un abbé qui était aussi doyen, un prévit, dix-neuf chanoines en titre, et six chanoines d'honneur.
C'est aujourd'hui une des paroisses de la ville. Retour |