LOGO église et histoire

Sainte Apolline ou sainte Apollinie



Dernière mise à jour
le 17/02/2022

Plan du site
Menu en haut d’écran
Aide
Retour

Fête 9 février, fête locale
Mort249
Saints contemporains
NomNaissanceMortFonction
saint Laurent de Rome10/08/258
saint Sixte II258pape
sainte Apolline, Apollonie249
saint Julien du Mansvers l’an 250évêque du Mans
sainte Cécile de Rome230
saint Denys d’Alexandrie265

La paix que Dieu avait donnée à l’Église, après la persécution d’Alexandre-Sévère, ne fut troublée dans les provinces de l’Empire que par l’édit de Decius contre les chrétiens. Mais un an auparavant, on commença à les poursuivre à Alexandrie et plusieurs y souffrirent le martyre. Saint Denys, évêque de cette ville, a conservé l’histoire de ces cruautés dans une lettre qu’il écrivit à Fabius d’Antioche.

Le prophète et l’artisan des maux dans cette ville, sans doute un poète, mit en mouvement et souleva contre les chrétiens la foule des païens en ranimant leur ardeur pour la superstition du pays. Excités par lui et ayant confisqué tout pouvoir pour l’œuvre impie, ils se mirent à penser que le culte des démons, qui consistait à aimer le carnage, était la seule religion. Ils s’emparèrent donc d’abord d’un vieillard du nom de Métras ou Métrius et lui ordonnèrent de dire des paroles athées. Comme il n’obéissait pas, ils le frappèrent à coups de bâton, lui percèrent les yeux avec des roseaux pointus et le lapidèrent dans un des faubourgs où ils l’avaient traîné.

Ils conduisirent ensuite une femme chrétienne nommée Quinta dans un de leurs temples et la pressèrent d’adorer l’idole. Voyant qu’elle le refusait avec horreur, ils la lièrent par les pieds, la traînèrent sur le rude pavé, la heurtant contre les pierres meulières en la fouettant en même temps. Ils lui firent souffrir le même genre de mort qu’à Métras.

Toute la ville était dans la confusion. Les païens coururent avec fureur chez les chrétiens et les arrachèrent violemment de leurs maisons. Ils les dépouillèrent de leurs biens. Les objets les plus précieux de leurs trésors furent dérobés. Les objets sans grande valeur et ceux qui étaient faits en bois furent jetés et brûlés sur les chemins, de manière à donner le spectacle d’une ville prise par les ennemis. Les frères se détournèrent et s’enfuirent en supportant avec joie le pillage de leurs biens parce qu’ils n’y étaient pas attachés. Leur constance dans les tourments égalait leur désintéressement, et il n’y en eut pas un seul qui renonça à Jésus-Christ.

Parmi les fidèles qui furent arrêtés était une vierge nommée Apollonie, que son grand âge et sa vertu rendaient également respectable. Après avoir fait sauter toutes ses dents en frappant ses mâchoires, ils construisirent un bûcher devant la ville et menacèrent de la brûler vivante, si elle ne prononçait pas avec eux les formules de l’impiété.

Elle demanda un peu de temps comme pour délibérer sur le parti qu’elle avait à prendre, ce qui lui fut accordé. Dès qu’elle fut libre, inspirée par I’Esprit-Saint et pour convaincre les persécuteurs que son sacrifice était pleinement volontaire, elle se jeta elle-même au milieu des flammes où elle rendit son âme au Seigneur.

Les païens se saisirent ensuite d’un homme nommé Sérapion. Ils lui firent d’abord souffrir dans sa maison d’horribles tourments. Après lui avoir brisé les membres et disloqué les os, ils le précipitèrent du haut de sa maison sur le pavé de la rue, où il consomma son martyre. Une guerre civile qui s’éleva parmi les païens mit fin à la persécution ; mais elle se ralluma en 250, par l’ordre de Dèce.

Réflexions d’Alban Butler

Nous n’avons garde de proposer à l’imitation des fidèles la manière dont notre sainte termina sa vie. Si les Pères ont loué son courage, c’est qu’ils présumaient, avec saint Augustin, qu’elle avait agi par une inspiration particulière du ciel, ou que du moins son action était l’effet d’une pieuse simplicité qui avait pour principe la ferveur du zèle et de la charité. Ce serait donc en vain qu’on voudrait s’autoriser de son exemple pour justifier le suicide. Nous pouvons voir arriver avec plaisir le moment de notre mort lorsque Dieu nous éprouve par la persécution : ce fut ainsi que les martyrs, embrasés de l’amour divin, se réjouirent de verser leur sang afin d’être unis pour toujours au souverain bien ; mais il sera toujours défendu à l’homme de concourir à sa propre destruction. Le prétendu héroïsme des païens grecs et romains qui se donnaient la mort pour s’affranchir des misères temporelles ne fut réellement qu’une véritable lâcheté ou qu’un affreux désespoir. L’héroïsme consiste à montrer dans les souffrances et l’humiliation une âme intrépide et supérieure à tous les coups de l’adversité. Quels que soient les malheurs que nous éprouvions, nous devons toujours nous souvenir que nous ne sommes que les dépositaires de notre vie ; que la quitter sans l’ordre de Dieu qui nous l’a confiée, c’est un attentat contre ses droits les plus sacrés, et contre ceux de la société dont l’homme est membre et à laquelle il se doit : ainsi, en portant une main audacieuse sur notre corps, le suicide précipite notre âme dans des tourments bien plus affreux que ceux que nous souffrons sur la terre, et qui n’auront jamais de fin.

Sources
  • Nominis
  • Nouvelle fleur de la vie des saints, tome 1 (Abbé Blion)
  • La vie des saints, tome 2 (Alban Butler)