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L’Ain sous la domination romaine



Dernière mise à jour
le 17/02/2022

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Les provinces de la Bresse, du Bugey, du Valromay et du pays de Gex, qui composent le département de l’Ain, ont toujours appartenu aux Gaules. Les Gaulois furent divisés en trois peuples par César, sous les dénominations de Belges, Aquitains et Celtes. Le département de l’Ain faisait partie de la Gaule celtique.

Guichenon, d’après Polybe, dit que la Bresse, le Bugey et le pays de Gex, avant l’arrivée de César dans les Gaules, se nommaient Insula Gallica, parce que la situation de ces provinces, entre la Saône et le Rhône, leur donnait la forme d’une péninsule.

Plusieurs écrivains s’appuyant sur des écrits mêmes de César, disent qu’après le passage d’Annibal, ces contrées s’appelaient Sebutia, et les peuples qui l’habitaient Sebusiani.

En l’an 58 avant Jésus-Christ, les Helvétiens qui s’étaient proposés de conquérir la Celtique, après s’être alliés à plusieurs peuples voisins, se décidèrent à faire cette expédition. Ils réunirent à Genève une forte armée. César, nommé gouverneur de la Gaule cisalpine et transalpine, connaissant leur projet, franchit les Alpes et se rendit à Genève. Là, il défendit aux Helvétiens de tenter cette conquête ; et, pour s’opposer au passage de leurs phalanges par le pays de Gex, il fit élever une muraille fortifiée sur la rive gauche du Rhône.

L’armée helvétienne fut alors obligée d’emprunter le territoire des Séquanais, peuple qui habitait la Franche-Comté. Après avoir ravagé les terres gauloises, les Helvétiens se disposèrent à marcher sur les provinces romaines. Mais César franchit les montagnes du Bugey, arriva dans la plaine et surprit leur armée qui venait de traverser la Saône près d’Autun. Il massacra une grande partie des soldats et mit le reste en déroute.

Cependant, les Helvétiens se rallièrent, un nouveau combat s’engagea ; César fut encore victorieux. Les ennemis furent obligés de déposer les armes et de demander la paix. Ils avaient perdu cent trente mille hommes.

M. Clausolles écrit dans son histoire de France : « Après cette victoire, les notables de presque toutes les cités de la Celtique vinrent féliciter César et le remercier d’avoir sauvé leur pays. La plupart d’entre eux étaient d’intelligence avec le vainqueur, et ils lui avaient vendu la liberté des Gaules. Tel fut Divitiac, ce druide à qui ses fonctions donnaient une grande influence sur toute la Celtique.

Divitiac était à la tête de l’ambassade. Il obtint de César une audience secrète, se jeta à ses pieds, en fondant en larmes, et implora son secours contre Arioviste, chef des Suèves, l’une des plus puissantes tribus de la Germanie, qui avait envahi plusieurs cantons. Tous appuyèrent son discours et sa demande. César les consola. Il promit de les venger et finit de combattre pour eux, tandis qu’il ne combattait que pour lui-même. Il attaqua Arioviste et le défit. C’est alors qu’on vit ces mêmes Gaulois qui n’avaient pu souffrir naguère quelques Germains établis sous des tentes, dans une partie de la Celtique, laisser tranquillement les Romains prendre possession de ces mêmes terres et les remplir de légions. Plusieurs même servirent d’espions et de délateurs, et joignirent leurs armes aux siennes pour déchirer leur patrie.

Telle fut la profonde politique de César : il n’espérait vaincre les Gaulois que par les Gaulois. Après la défaite d’Arioviste, il ne s’occupa que du soin de fomenter entre eux des divisions pour rendre leur conquête plus facile. »

Les débris des monuments romains que l’on rencontre dans le Bugey, attestent du séjour des phalanges de César sur ce territoire ; les aigles du grand capitaine, après s’être posées sur les monts du Haut-Bugey, ont repris leur vol, laissant après elles de nombreux soldats. Le fer de ces guerriers se tourna alors vers la terre de leur nouvelle patrie, pour lui demander la nourriture nécessaire à la colonie. Des villes et des temples s’élevèrent sur plusieurs points, à l’ombre des sombres et agrestes forêts, non loin des bords de l’Oignin torrentueux et de ceux arrosés par la bondissante Albarine.

La Bresse, le Bugey, la Dombes et le pays de Gex, soumis à la domination romaine, furent alors gouvernés par un lieutenant résidant à Lyon. Cet officier représentait l’autorité du préfet du prétoire, dont le siège était à Trêves.

Ces contrées obéirent à l’autorité romaine jusqu’au règne d’Honorius, époque de nouvelles commotions et de nouvelles guerres, où plusieurs nations subjuguées profitèrent de la faiblesse du gouvernement pour reconquérir leur indépendance.

En l’an 408, Stilicon, beau-père d’Honorius, qui voulait élever son fils Euschérius au trône impérial, souleva les Bourguignons. Des bataillons nombreux marchèrent contre les Séquanais, et vinrent camper sur les rives du Rhône. Plusieurs combats eurent alors lieu entre ces deux peuples, et les Bourguignons victorieux, pénétrèrent dans les provinces qui, plus tard, prirent les noms de Bresse, Bugey, pays de Gex et Savoie.

Enfin, après trois années de guerre, le pays devint la proie des vainqueurs.

Athanaric, roi des Bourguignons, avait donné le commandement de ses troupes à Godilaise, son fils. Athanaric jouit peu de temps de la conquête, et Godilaise, en lui succédant, vit bientôt tomber son sceptre et sa couronne de laurier.

Le vieux sang romain circulait dans les veines du patricien Aëtius. Seul, il se leva et rappela à ses compatriotes les exploits de leurs ancêtres, leur remémora les conquêtes de César. Les populations se soulevèrent à sa voix. Les soldats de Gondioche, fils de Godilaise, furent battus de toute part, et le pays recouvra son indépendance et sa liberté.

Les Bourguignons, chassés du territoire, ne purent se décider à laisser les habitants jouir de la conquête. Des forces imposantes furent de nouveau dirigées contre nos guerriers. De sanglants et terribles combats furent soutenus de part et d’autre avec opiniâtreté. Les troupes locales furent obligées de plier devant les nombreuses phalanges de Bourgogne qui envahirent alors la contrée, et marchèrent de conquête en conquête. Elles étendirent leur domination depuis Saint-Claude jusqu’à Marseille. La province, après avoir été gouvernée 500 ans par les Romains, fut incorporée au royaume de Bourgogne.