Genève |
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Origines de la ville de Genève ; histoire de la relation entre Calvin et cette ville.
La chasse faite aux catholiques fut telle que des évêques de Genève durent résider à Annecy,
dont saint François de Sales.
Jules César est le premier qui fasse mention de Genève, c'est l'un des plus anciens historiens. Genève fût une ville policée et une place d'armes, qui tenait un des passages des Gaules en Italie et en Allemagne. Il était absolument de l'intérêt des Allobroges, voisins des Helvétiens et des Latobriges, qui occupaient la Suisse et le Pays-de-Vaud, d'avoir une forteresse, qui les protège de ces peuples remuants et guerriers, et un lieu de négoce pour être en bonne intelligence avec eux.
Les Allobroges, dont Genève était une des principales villes, occupaient une partie des Alpes et du Plat-Pays entre le Rhône et ces Montagnes(1). C'était une Nation très puissante, qui avait acquis beaucoup de réputation par les armes, et qui n'avait pas moins de richesses que les autres peuples des Gaules. Stephanus de Byzance et Tite-Live, qui ne peuvent pas être soupçonnés de flatterie, leur donnent ces éloges. Genève existait donc depuis longtemps avant le siècle de César ; et son silence, aussi bien que celui des autres auteurs, nous fait croire que son origine était inconnue.
« L'an du monde 2729, et 1073 ans après le déluge, le grand Hercule, venant d'Espagne pour aller en Italie, passa près du Lac qui fut depuis appelé Léman, où voyant un si beau pays inhabité, il y laissa, sous le commandement d'Arpentinus, une partie de son armée qui était malade. Ce capitaine trouvant le lieu fort agréable, bâtit au bord du lac une ville, qu'il nomma Arpentras ou Arpentine. C'était au-dessous du lieu où est maintenant Lausanne. (En effet, il y paraît encore des masures d'une ville.) Cette fondation arriva l'an du monde 2730 et 53 ans avant la destruction de Troyes.
A Arpentinus succéda son fils Rigo. Après la destruction de Troyes, comme Francus, Enée, Antenor, et plusieurs autres Troyens allèrent habiter d'autres Terres. De même Lémannus fils de Pâris vint en ces quartiers, et avec ses Troyens chassa Rigo d'Arpentras, et s'en étant emparé imposa son nom au Lac Léman. Ce Lémannus ayant régné assez longtemps à Arpentras, fut chassé par ses sujets, qui se révoltèrent contre lui, et tuèrent un de ses fils. En vengeance de quoi, ayant derechef pris la Ville, il la brûla, et cherchant un lieu propre à en rebâtir une autre, il vint au bout du Lac, à l'endroit où le Rhône en sort, et trouvant un petit coteau plein de Genévriers, il y jeta les fondements d'une ville, qu'il nomma à cause de cela Genevra ou Genebra. Ce fut l'an du Monde 2833, 50 ans après la destruction de Troyes, 379 ans avant la fondation de Rome, et 1130 ans avant la naissance de notre Seigneur. Après Lémannus, qui mourut pendant qu'on bâtissait Genève, son fils Eructonius y régna vingt-huit ans, et laissa trois fils, qui partagèrent le royaume, Sequanus, Allobrox, et Helvetius. »
Ce fut en septembre 1536 que Jean Calvin de Noyon en Picardie, accompagné de son frère Antoine Calvin, voulant se retirer à Bâle ou à Strasbourg, et, évitant à cause de la guerre le droit chemin, vint passer à Genève, sans dessein de s'y arrêter. Farel, néanmoins, qui le reconnut pour un homme d'érudition, voulut le retenir. Il s'en défendit longtemps. Farel insistant, le fit consentir à y demeurer, non pas pour prêcher, mais pour enseigner la théologie. Peu de temps après, les Bernois ordonnèrent des disputes publiques à Lausanne, où il fut appelé avec Farel et avec Viret, qui y prêchaient déjà. Le parti protestant y fut établi après les disputes, et la religion catholique bannie. Les Bernois voulurent obliger les moines de l'Abbaye de Payerne à faire de même, mais ils le refusèrent, et furent maintenus par ceux de Fribourg, qui possédaient alternativement cette Abbaye, avec les Bernois. Ces deux Cantons furent sur le point d'entrer en guerre l'un contre l'autre sur ce sujet. Les derniers avaient déjà demandé deux cents hommes de secours à Genève, mais ils ne furent pas nécessaires, car les autres cantons s'en étant mêlé, les pacifièrent.
Au mois de mars de l'année suivante (1537), vint des pays du nord un étranger, qui se disputa publiquement contre Farel et les autres ministres en Grand Conseil ; soutenant entre autres que le baptême des petits enfants n'était pas licite, et qu'il ne devait pas être administré, sans qu'on ne fût auparavant instruit. Farel lui prouva le contraire, et le convainquit d'autres erreurs, que tiennent les Anabaptistes (2). On le bannit de de la ville avec ses compagnons. Ils s'en allèrent en Suisse, où les Bernois en firent mourir quelques-uns. Les ministres eurent à soutenir une autre dispute contre un nommé Caroly, qui soutenait le sacrifice de la Messe et la prière des saints. Les Magistrats de Berne ayant ouï les deux parties à Lausanne au mois de mai 1537, chassèrent Caroly de leurs terres. Farel composa un formulaire de Confession, qu'on faisait lire tous les Dimanches à Saint Pierre(3) ; mais ceux de Berne se plaignirent qu'il faisait des constitutions, qui n'étaient pas conformes aux leurs ; car ils observaient encore quelques-unes des principales fêtes, faisaient la Cène avec des hosties, ou pain sans levain, et recevaient au temple les filles qui épousaient toutes échevelées, ce que Farel n'approuvait pas. Il se rendit au colloque de Berne, où se trouvèrent environ 300 ministres de Suisse, de Strasbourg, et des lieux voisins, qui condamnèrent l'opinion de l'impanation, ou de la présence corporelle du Corps de Notre Seigneur dans le pain de l'Eucharistie, que quelques-uns tenaient, et que les Luthériens ont gardée. Calvin fit un catéchisme pour l'instruction de la jeunesse. Cependant tous ceux qui avaient juré de vivre selon la discipline des protestants, n'étant pas fort obéissants, firent du bruit au Conseil, disant qu'on les avait fait parjurer.
Les Syndics de l'année 1538 étaient considérés comme des mécontents, et étaient apparemment encore Catholiques en leur âme. Calvin, Farel, et Courault, qui était aveugle, mais estimé savant, se présentèrent au Conseil, pour maintenir leur confession(4). Cela ne les apaisa pas, et sous prétexte de conserver les libertés de la Ville, et de ce qu'ils n'avaient pas voulu se conformer à l'usage de Berne pour la communion, ils firent prononcer un arrêt au conseil ; par lequel il était commandé à ces trois ministres de quitter la Ville dans trois jours. Comme Calvin n'avait eu aucuns gages et s'était entretenu à ses propres frais, il répondit à la signification qui lui en fut faite : A la bonne heure; si nous eussions servi des hommes, nous serions mal récompensés, mais nous servons un grand maître, qui bien loin de ne pas récompenser ses serviteurs, leur paye ce qu'il me leur doit pas. Il s'en alla à Bâle et delà à Strasbourg, où étant reçu par Martin Bucer, Capito, Hedio et autres personnes de Lettres, il dressa, par la permission du magistrat, une église française, et enseigna la théologie avec des gages honnêtes. Farel se retira à Neufchâtel.
Après le départ de ces trois ministres, celui de Jussy, Henry la Mare, refusant comme les autres de donner la communion avec le pain sans levain, fut mis en prison. Il fut néanmoins bientôt relâché, et servit la Ville avec les autres ministres, qui furent tirez des Villages. On les interrogea auparavant si c'était bien ou mal fait que les épousées se présentassent à la bénédiction du mariage en cheveux pendants. Ils répondirent, de peur de s'embarrasser de nouveau, qu'ils ne trouvaient pas dans la Sainte Ecriture qu'il fut mal fait. Ainsi ils furent supportés, et donnèrent la communion à Pâques suivante avec du pain sans levain, comme il a été continué longtemps à Genève(5).
Ceux qui avaient fait chasser les trois ministres en triomphaient, et faisaient particulièrement des railleries de Farel, portant à travers la ville une poêle à frire, avec des lumignons de lampe, qu'on appelle dans le langage du pays des farêts, comme pour dire qu'ils avaient fricassé Farel. Il ne laissait pourtant pas de leur écrire, les exhortant à une union de Doctrine : ce que faisait aussi Calvin, dont l'une des lettres avait cette adresse. A mes bien-aimés frères en Notre Seigneur qui sont les reliques de la dissipation de l'église de Genève : par laquelle et par ce qu'il disait à la fin de sa Lettre, il semblait qu'il prédit la confusion où furent ses ennemis 16 mois après. A la cène de Noël, Antoine Saunier, Maturin Cordier Regent de l'Ecole, et d'autres, ne voulant pas faire la cène avec le pain sans levain, il leur fut fait commandement de sortir de la Ville.
L'année suivante on fit en conseil général un Edit, qui contenait ces articles : Que ceux qui parleraient de changer de maître et de gouvernement, auraient la tête tranchée(6). On condamna par contumace, dans une autre séance de ce conseil, trois Députés, qui avaient fait un accord avec la ville de Berne touchant la seigneurie de Sint Victor, qu'ils demandaient, où il y avait d'autres articles, qui tendaient à l'oppression de la Liberté de Genève. De ces trois, il y en avait deux qui avaient été Syndics de l'an 1538 et avaient fait chasser Farel et Calvin.
Cette condamnation fit grand bruit et excita une sédition, parce qu'ils étaient des plus apparents dans la Ville, et qu'ils avaient de puissants amis. Jean Philippe, capitaine général, qui avait été syndic de la même année, et outre cela lié d'amitié e de faction avec eux, parla fort haut, et fut le premier auteur de la sédition. On se battit, et il tua un homme de sa pertuisane. Un allemand de son parti y demeura aussi sur la place. Le Conseil donna ordre d'aller prendre Philippe, qui s'étant enfermé dans Sa maison fit quelque résistance, où il y eut un homme de tué d'un coup d'Aruebuze, et se sauva à la fin par-dessus les toits. Il alla se cacher dans l'écurie de la Tour-Persé, sous le foin, où ayant été découvert, il fut mené en prison. Les syndics et le guet l'accompagnèrent, ce qui empêcha qu'il ne fut déchiré par la populace. Sur quoi il faut remarquer l'inconstance du peuple, et le peu de fondement qu'on doit faire sur son amitié. Il n'y avait pas huit jours que Philippe en était fort respecté, et qu'il avait plus de crédit que les quatre syndics ensemble, mais ce jour-là tout le monde criait contre lui et demandait sa mort, même ceux qui étaient à ses gages et à sa table. Il avait formé un Parti, qui n'était point ami des protestants, et qui avait déjà fait bannir la plupart des ministres. Les deux Syndics condamnés en étaient. On les appelait les artichauts, parce que cette faction en avait pris pour se distinguer, et avait coupé tout ce qu'ils en avaient trouvé dans les jardins. C'était aussi comme un mot de guerre parmi eux D'autres disent que le mot d'artichaut vient par corruption de celui d'articulants, à cause des articles qu'ils avaient insérez dans le traité de Berne. La faction opposée avait des fleurs vertes pour leur signal, avec le mot de Farel, qu'on entendait crier souvent par la Ville, aussi bien que celui d'artichaut. Claude Richardet, premier syndic de l'an 1538, un des principaux artichauts, ayant été dans cette sédition, voulut descendre par la muraille de la Ville, mais étant trop lourd, il se tua. Ce sont les maux qu'attire ordinairement la diversité des sentiments dans la religion. Philippe fut condamné à avoir la tête tranchée, nonobstant l'intercession de ceux de Berne. Ainsi fût fort étourdie la faction des artichauts, par la disgrâce des quatre Syndics de l'an 1538 qui en étaient les appuis. Les trois Députés obtinrent néanmoins ensuite leur grâce, par l'entremise des Bernois et de ceux de Bâle(7), moyennant une amande honorable, qu'ils firent au conseil des Deux Cent, et une légère peine pécuniaire. Ceci fit songer à rappeler Calvin, qui était occupé par des Dietes de l'Empire.
Sur le déclin de ces troubles on reçût des lettres de l'empereur Charles Quint, datées du 8 d'Août 1540 par lesquelles il disait avoir entendu que ceux de Berne sollicitaient Genève à leur prêter fidélité, ce qu'il ne croyait pas qu'elle voulût faire, et le lui défendait, à peine d'encourir son indignation, espérant que les Bernois à qui il en écrivait s'en désisteraient, en ordonnant à la ville de Genève de demeurer en l'obéissance de l'Empire comme cité impériale, sans laisser perdre les Libertés et les droits que ses prédécesseurs lui avaient accordé, ce qui ne donna pas peu de joie et de consolation à cette Ville, qui n'avait point recherché ces lettres, non plus que celles qu'il leur avait écrites auparavant, à la naissance de son fils Philippe.
Le bannissement des trois ministres fut révoqué par le conseil général(78), et il fut déclaré qu'ils pourraient rentrer dans la Ville, quand il leur plairait. Bientôt on défendit les danses et les chansons profanes. On commença à parler d'établir un consistoire. Calvin fut redemandé par l'entremise de ceux de Zurich à ceux de Strasbourg, qui firent des difficultés pour le laisser partir. Lui-même voyant le progrès qu'il y faisait, n'y voulait pas consentir. Bucer le menaça du Jugement de Dieu, s'il n'obéissait pas à cette vocation, lui mettant devant les yeux l'exemple de Jonas, qui refusait d'aller prêcher aux Ninivites : de sorte qu'à la fin il fut accordé aux prières instantes de ceux de Genève, et il y revint, après un voyage qu'il fit à Ratisbonne. Il se montra d'abord infatigable. Il prêchait d'ordinaire d'abord infatigable tous les quinze jours, une semaine toute entière ; faisait des Leçons de théologie trois fois par semaine, se trouvait au consistoire les jours établis pour cela, faisait tous les vendredis des remontrances et des discours à la congrégation, et répondait à quantité de lettres de science et de controverse, qu'on lui écrivait de toutes parts. Il établit alors les catéchismes, dont il avait composé le formulaire. Il dressa cette police ecclésiastique(9), la liturgie et les prières publiques, qui furent depuis toujours suivies. Ensuite plusieurs français vinrent se réfugier à Genève, pour la religion.
La peste étant survenue à Genève en 1542, on mit les malades à l'hôpital de Plein-Palais, et on voulut y envoyer un des ministres, pour leur consolation. Quelques-uns refusèrent d'y aller. Voyant cela, Calvin et Castalion, se proposèrent de le faire. Mais le conseil ne voulut pas que le premier y aille, en raison des services qu'il rendait à la Ville et à l'église. Pierre Blanchet fut nommé pour cela et en mourut.
Calvin alla ensuite à Strasbourg, pour disputer contre Caroly, qui avait été auparavant ministre à Lausanne, où ayant été condamné à cause de ce qu'il y prêchait sur la messe et la prière des Saints. Il s'en était fui, et après avoir tâché de se réconcilier avec les Bernois, il fit derechef sa renonciation à Strasbourg mais il avait tourné casaque pour la seconde fois, s'étant opposé à Farel, qui avait prêché à Metz. De là, il s'était rendu à Strasbourg, où il ne voulut pas disputer avec Calvin. La mort finit son inconstance et le punit de sa légèreté car il mourut à Rome dans un Hôpital.
L'Evêque Pierre de la Baume étant mort en 1544 dans la Franche-Comté, Auberive lui fut substitué par le Pape. Il porta le nom d'Evêque de Genève, et fit sa résidence à Annecy.
François BACHOD | 1556 - 1568 | |
Ange JUSTIANI | 1568 - 1579 | |
Claude de GRANIER | 1579 - 1602 | |
saint François de Sales | 1602 - 1622 | |
Jean-François de Sales | 1622 - 1635 | frère de saint François de Sales |
Dom Juste GUERIN | 1639 - 1645 | |
Charles-Auguste de Sales | 1645 - 1660 | neveu de saint François de Sales et de Jean-François de Sales |
Jean d’ARENTON d’ALEX | 1661 - 1695 | |
Michel-Gabriel de ROSSILLON de BERNEX | 1697 - 1734 | |
Joseph-N DESCHAMPS de CHAUMONT | 1741 - 1763 | |
Jean-Pierre BIORD | 1764 - 1785 | |
Joseph-M PAGET | 1787 - 1801 |
En ce temps-là Sébastien Castalion, de Châtillon en Bresse, régent du collège, qui avait quelquefois prêché, proposa et agita certaines questions de théologie. Il reprenait le Cantique de Salomon comme profane et impudique, et n'approuvait pas l'interprétation des ministres, touchant la décente de Jésus-Christ aux Enfers, dont étant repris dans une congrégation, il accusa les ministres d'orgueil, d'impatience et d'autres vices. Le conseil ayant désapprouvé, il fut déposé, et se retira à Bâle. Il y forgea d'autres erreurs, et fit une traduction latine, et une française de la Bible, où il en fit glisser une partie, et un autre livre intitulé, Theologia Germanica, et un traité du vieil et du nouvel homme(10).
En 1545, la peste commença de se faire sentir, ayant été communiquée par des soldats Suisses, qui allaient en Italie au service du Roi de France. Un nommé Lentilles, qui avait été serviteur de l'Hôpitalier, du temps de Caddoz, commença à pratiquer ce qu'il avait appris de lui, mettant la peste partout où il pouvait, avec des linges qui avaient touché les charbons des pestiférés. Il avait gagné presque toutes les femmes qui nettoyaient et parfumaient les meubles des pestiférés. Elles avoient donné à la peste le sobriquet de la Clauda, et elles se réjouissaient quand elle augmentait. Lorsqu'elles se rencontraient, elles se demandaient : Comment se porte la Clauda. La réponse était, elle ne vaut rien, elle est toute endormie ; ou s'il y avait quelques maisons nouvellement attaquées, elles disaient, elle se porte bien, elle fait grand chere en un tel lieu. Un nommé Bernard Tallent, complice de Lentilles, fut saisi par le Baillif de Thonon, à qui il avoua tout. Il envoya à Genve éune copie de sa confession. Ils saisirent Lentilles et l'examinèrent, mais il ne voulut rien avouer, quelque tourment qu'on lui fit souffrir. On l'envoya à Thonon pour être confronté à son complice, qui lui soutint le crime. Il ne cessa pas de le nier, malgré les questions qu'on lui posa, jusqu'à qu'il eut l'épaule cassée, dont étant mis à bas et dans le lit, il mourut quelques heures après, sans dire autre chose, si ce n'est, que si on voulait tout nettoyer, on se saisissent de tous ceux qui servaient à l'hôpital. Ce qui fut fait, et la plupart ayant tout avoué, furent brûlés vifs. Ils furent 7 hommes et 24 femmes. Ils déclarèrent que Lentilles les avait obligés par des serments exécrables d'exécuter leurs mauvais desseins, d'engraisser les portes et de multiplier la peste, jusqu'à ce que ceux de Genève fussent réduits à une telle extrémité, qu'on les pût nourrir d'une coupe de blés. On aurait eu de la peine à se persuader, qu'un si grand nombre de personnes eussent consenti à une si détestable méchanceté, si elles n'avaient fait la même confession, sans savoir rien l'une de l'autre. Le chirurgien et deux autres furent tenaillés et écartelés. Et ce qui est de plus étonnant, on en surprit quelques-uns sur le fait, au même temps qu'on menait leurs compagnons au supplice. Après cela, la peste cessa peu à peu vers la Toussaints. Deux milles personnes en étaient morts.
Sources |
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(1) | Le pays des allobroges s'étendait depuis l'Isère, au sud, jusqu'à Genève.
Le Rhône le bornait du côté du couchant.
Il comprenait dans son étendue, la partie du Dauphiné, qui est entre ce fleuve et l'Isère, la Savoye proprement dite, le Genevois, Genève et ses environs, qui ?ont à l'orient du Lac Léman et au Midi de cette Ville.
Le Rhône séparait les Allobroges des Sébusiens et des Séquanais.
Ce même Fleuve, dès Genève, jusqu'au pas de la Cluse et le Lac Léman, les séparait des Helvétiens.
Ils avaient du côté du Levant, des peuples appelés Nantuates, qui occupaient la partie du Chablais la plus voisine du Valais, et les Centrons qui tenaient la Tarentaise.
Vienne en Dauphiné était la capitale des Allobroges. Retour |
(2) | M. Spon ne parle ici que d'un Anabaptiste, qui vint soutenir ses opinions dans Genève.
Ils étaient deux, l'un s'appelait Herman de Liège, et l'autre André Benois ; tous deux Flamands.
Roset dit, dans ses Chroniques, que ces gens-là avaient quelques partisans dans le Conseil.
Ils obtinrent d'y être entendus, et d'y produire les articles qu'ils étaient prêts à soutenir contre les ministres, si ceux-ci voulaient entrer en lice avec eux.
Le Conseil ne trouva pas à propos que la dispute se fit publiquement.
Il crut qu'il suffisait que ces sortes de matières s'agitassent devant le conseil des Deux Cent.
Mais Farel ayant prié instamment le Magistrat, que les combattants entrassent en lice en public, il l'obtint.
La Dispute se tint au Couvent de Rive ; elle fut fort échauffée pendant plusieurs jours.
Il ne paraît pas, par les registres publics, sur quel point elle porta.
Ils ne portent autre chose, si ce n'est, que le Conseil trouva à propos de faire cesser au plutôt, ces sortes de contestations, qui étaient beaucoup plus propres à ébranler la Foi, qu'à l'affermir.
Farel et les autres ministres furent appelés en Conseil, pour leur défendre de plus se disputer dans la suite, avec de telles gens.
Le Conseil fit aussi venir devant lui Herman et Benois, et leur dit, que leurs dogmes ne pouvant se prouver par l'Ecriture Sainte, il les avait jugés erronés, et qu'ils devaient s'en dédire, et en demander pardon à Dieu.
Ils répondirent, qu'ils ne les rétracteraient point, leur conscience ne leur permettant pas de le faire.
Sur quoi le Conseil des Deux Cent leur prononça le 19. Mars, un Arrêt de bannissement perpétuel, à eux et à tous ceux de leur suite, sous peine de la vie.
La crainte d'une telle peine ne contribua pas peu à étouffer, dans ?a naissance, cette secte, qui avait déjà fait quelques progrès dans Genève. Retour |
(3) | Trois sortes de gens refusaient de recevoir cette confession de Foi :
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(4) | Farel, Calvin et Corault se mirent en mouvement pour deux choses ; L'une, au sujet de la licence et de la débauche qui régnait dans la ville, et des divisions et des haines qu'il y avait entre les principales familles ;
l'autre, à cause de certaines cérémonies qui se pratiquaient dans l'église de Berne, lesquelles bien des gens s'efforçaient d'introduire dans celle de Genève, contre l'avis de ces ministres, qui ne les approuvaient pas.
Ceux-ci ne voulaient d'autre jour de fête dans l'année, que le dimanche.
Ils rejetaient l'usage des fonds baptismaux, pour l'administration du baptême, et se servaient dans la cène du pain commun.
Les Bernois, au contraire, célébraient les quatre grandes fêtes, se servaient des fonds baptismaux, et des azymes, ou du pain non levé dans la cène.
l'église de Genève s'était assez volontiers conformée à ce que ses pasteurs avaient voulu ;
mais un grand nombre de personnes ayant pris goût pour les cérémonies pratiquées dans l'église de Berne, peut-être plus par en vie de contredire Farel et Calvin, qui ne les ménageaient pas assez, par rapport à la vie licencieuse qu'ils menaient, que par tout autre motif;
ces réformateurs, dont le plan était de réduire la religion à la plus grande simplicité qu'il serait possible, le virent avec peine.
Ils continuèrent de déclamer contre les vices et les vicieux.
Ils en sollicitèrent la punition avec beaucoup de vivacité, auprès du magistrat, qui fit publier des défenses, contre les désordres dont ils se plaignaient ;
nonobstant lesquelles, le mal continuant et augmentant même, et les libertins n'étant point réprimés, les ministres prirent le parti, non seulement de crier dans les chaires contre la débauche, mais de blâmer même avec beaucoup de véhémence la conduite du magistrat, soit à cet égard, soit aussi à l'égard de la manière dont il administrait la justice ;
ce qui porta plusieurs particuliers à se présenter en conseil pour s'en plaindre, et le prier d'ordonner aux ministres de ne point se mêler des affaires du gouvernement, mais de se contenter de prêcher l'Évangile.
Ce que le conseil fit.
Cependant le Ministre Corault, se moqua de ces défenses ; il continua de blâmer en chaire le magistrat, et se servit d'expressions pleines de mépris et injurieuses envers les conducteurs de la République.
Le conseil irrité d'une telle conduite, lui fit interdire la chaire, et sur le refus qu'il fit de se soumettre à cet ordre, y étant même remonté aussitôt après, il fut envoyé en prison.
Dès le lendemain, qui était le 20 avril, Farel et Calvin accompagnés de quelques citoyens qui leur étaient attachés, se présentèrent en conseil, où ils se plaignirent avec beaucoup de véhémence de cet emprisonnement. Dans ce même temps, les seigneurs de Berne agissaient fortement auprès de leurs alliés de Genève, pour les porter à admettre les cérémonies de l'église de Berne, conformément à ce qui avait été décidé dans un synode qu'ils avaient convoqué depuis peu à Lausanne, qui les avait approuvées, et dans lequel Farel et Calvin, qui y avaient été appelés, s'étaient rencontrés. Ils écrivirent au conseil une Lettre, par laquelle ils l'exhortaient à recevoir ces cérémonies, afin que les deux états fussent conformes dans le culte, et à porter Farel et Calvin à s'y soumettre. Le conseil approuva la résolution du synode, et cependant, il fit voir ces lettres à ces deux ministres, les conjurant en même temps, de se conformer à cette décision pour le bien et l'uniformité de l'église. Farel et Calvin prièrent le conseil de suspendre le changement qu'il voulait faire au service divin, jusqu'à la fête de Pentecôte, après qu'on aurait tenu un nouveau synode, qu'ils avaient demandé, et où celui de Lausanne leur avait promis qu'ils seraient entendus, lequel avait été assigné à Zurich ; mais le conseil ne trouva pas à propos de déférer à leurs prières, au contraire, il leur fit intimer le jour même, de consentir à la pratique des cérémonies de Berne, ce qu'ils refusèrent absolument de faire. Le lendemain, qui était le samedi avant Pâques, le magistrat les exhorta encore d'administrer la communion avec du pain sans levain, conformément à la résolution du synode de Lausanne, mais ils persistèrent dans leur refus ; ce qui porta le conseil à leur défendre de monter en chaire le jour de Pâques. Cependant, se mettant au-dessus de cette défense, ils ne laissèrent pas de prêcher chacun deux fois ce jour-là, Farel à Saint Gervais, & Calvin à Saint Pierre, mais ils ne distribuèrent point la Sainte Cène, ayant pris pour prétexte de cette conduite, les divisions qu'il y avait parmi les citoyens, et les débauches outrées dans lesquelles la plupart étaient plongés.. Leurs Sermons même ne roulèrent que là-dessus. Le conseil indigné de ce qui s'était passé, résolut de donner le congé à Farel et à Calvin, et au surplus de se conformer aux articles du synode de Lausanne. Cet arrêt de bannissement fut confirmé dans le conseil des Deux Cent, et dans l'Assemblée générale du peuple, qui fut convoqué à ce sujet le 23 avril. Ils reçurent avec beaucoup de fermeté, l'ordre que le sautier vint leur porter de la part des conseils, de sortir de la Ville dans trois jours. Ils partirent, et furent suivis de près de leur collègue Corault, qu'on tira de prison, pour le faire sortir de Genève. Après leur départ, le magistrat fit relever dans les églises, les pierres qui servaient pour baptiser les petits enfants, et fit publier par la Ville au son de la trompe, que chacun eut à se conformer à ce qui avait été arrêté par le synode de Lausanne, à célébrer les quatre principales fêtes de l'année, et à se servir à la communion, d'azymes. Farel et Calvin s'en allèrent d'abord à Berne, où ils justifièrent leur conduite du mieux qu'ils purent.
Ils se rendirent ensuite au synode, qui de Lausanne avait été assigné à Zurich.
Après avoir informé l'Assemblée de ce qui s'était passé à Genève à leur égard, ils déclarèrent qu'ils ne voulaient point contester sur les points de la religion, qui rouleraient sur des matières indifférentes, et même qu'ils étaient prêts d'accepter les cérémonies de l'église de Berne.
Cette condescendance leur fit honneur, les Seigneurs de Berne furent priés par l'assemblée, de solliciter leur rappel dans Genève ; ce qu'ils acceptèrent.
Des Députez de leur part vinrent à ce sujet, accompagnés d'un ministre de Berne, et du réformateur Pierre Viret, le 2. 1ai.
Mais ils ne purent rien obtenir, quoiqu'ils eussent eu audience de tous les conseils.
L'irritation et la prévention contre Farel, Calvin et Corault, étant si grandes, surtout parmi le Peuple, que, bien loin de déférer aux instances des députés de Berne, leur bannissement fut confirmé d'une voix presque unanime dans le conseil général, le 26 du même mois. Retour |
(5) | Cet usage n'a cessé qu'en l'année 1623. Retour |
(6) | M. Spon ne rapporte qu'un des Articles qui furent approuvés par le conseil général, cependant il y en eut trois.
On va donner les deux autres.
Qu'aucun citoyen, bourgeois ou habitant ne dût jamais rechercher la protection d'aucun état étranger, pour intenter quelques procès, ou à la communauté, ou aux particuliers, sous peine de perdition de corps et de biens.
Qu'il ne fut permis à aucun citoyen de la Ville, de convenir un autre citoyen, bourgeois ou habitant, devant un tribunal étranger ;
mais que tous fussent obligez de porter leurs plaintes, et de former leurs demandes dans la Ville, sous peine d'être cassés de leur bourgeoisie, du bannissement, et de la confiscation des biens qu'ils auraient dans Genève.
Les ministres, qui servaient l'église de Genève, depuis le bannissement de Farel et de Calvin, n'étant pas, à beaucoup près, du mérite de ces grands hommes, ceux qui avaient à cœur les intérêts de l'église romaine, crurent que l'occasion serait favorable pour faire rentrer le papisme dans cette Ville. C'est ce qu'entreprit de faire Sadolet Evêque de Carpentras. Ce prélat qui avait beaucoup d'esprit, et qui avait été élevé par son mérite, au Cardinalat, écrivit au mois de mars une lettre adressée au magistrat et au peuple de Genève, des plus insinuantes, pour ramener les Genevois au sein de l'église romaine. Le Conseil, sans entrer dans aucun détail des articles que cette lettre contenait, se contenta de faire une réponse honnête, et de faire espérer au Cardinal qu'on lui répondrait plus amplement dans la suite. C'est ce que fit Calvin, à qui la Lettre du cardinal Sadolet fut envoyée à Strasbourg. Il réfuta avec tant d'habileté et de force, celui qui voulait entreprendre de séduire ses anciennes Brebis, que les espérances que ce Cardinal pouvait avoir conçues à cet égard, furent bientôt évanouies. Ce ne fut pas dans cette seule occasion que Calvin fit voir à ?on ancienne église, qu'il ne l'avait pas oubliée. Ayant appris que le peuple de Genève n'avait pas assez de considération pour ses pasteurs ; que leurs remontrances sur la nécessité de réprimer la licence et la débauche étaient peu écoutées, il écrivit à ce sujet une longue lettre à l'église de Genève, datée de Strasbourg le 25 juin, par laquelle il l'exhortait fortement à avoir pour ses pasteurs, les égards qui sont dus aux ministres de l'Évangile, sans trop s'arrêter à leurs qualités personnelles. Cette lettre est la douzième des Lettres imprimées de Calvin. Il y avait encore cette année 1539 plusieurs personnes, soit à la ville, soit à la campagne, dont les sentiments étaient équivoques sur la religion, ou plutôt qui professaient encore en secret 1a religion romaine, du nombre desquels étaient divers anciens prêtres, qui fréquentaient dans plusieurs maisons. On résolut de faire expliquer ceux qui étaient dans le cas, pour congédier ensuite ceux qui se déclareraient pour l'ancienne religion, la tranquillité de l'Etat et sa sûreté ne permettant pas d'en supporter une autre, que celle qui avait été établie par la réformation évangélique. Ils furent appelés à cet effet devant le conseil, au mois de décembre. Sur la demande qu'on leur fit s'ils approuvaient la Messe, ou s'ils la condamnaient; la plupart répondirent, qu'ils la trouvaient mauvaise ; d'autres dirent qu'ils ne la trouvaient ni bonne ni mauvaise ; d'autres qu'ils n'avaient pas assez de savoir pour rien décider là-dessus, sur tous les savants étant autant partagés qu'ils l'étaient sur cette question ; d'autres, que si le magistrat trouvait la messe bonne, ils la jugeraient bonne aussi : s'il la trouvait mauvaise, ils la condamneraient de même ; d'autres enfin, du nombre de ceux qui avaient été ecclésiastiques, dirent qu'ils avaient fait voir en se mariant, comme ils avaient fait, qu'ils étaient persuadés que la messe était mauvaise. Mais parmi ceux qui eurent à rendre raison de leur foi, le Conseiller Jean Balard, marqua une franchise qui lui fit honneur. Réduit à la nécessité de s'expliquer sur ce qu'il pensait de la Religion, il donna le rapport suivant par écrit : « Si je savais, dit-il, certainement que la messe fut bonne ou mauvaise, je ne me serais pas pressé pour le dire ; mais parce que je ne le sais pas avec certitude, je ne dois pas juger témérairement, et vos seigneuries ne me doivent pas conseiller de le faire. Tout ce que je puis faire pour leur agréer, est de m'efforcer de croire les articles de Foi, tels que la Ville les croit ; car je ne me pique pas de faire secte à part ; au contraire, comme bon compatriote, je ne souhaite rien tant, que d'être uni à tous égards de sentiment avec mes concitoyens. Si vos seigneuries me pressent encore davantage, tout ce que je puis leur dire, c'est que je crois au Saint Esprit, à la Sainte Église universelle, et que j'ai de la messe la même idée, qu'en ont les vrais chrétiens. » Signé, Jean Balard. Cette réponse ne satisfit point le conseil, qui lui fit dire, que puisqu'il ne voulait pas désapprouver la messe, d'une manière positive, il n'avait qu'à sortir de la Ville dans dix jours. Balard trouvant cet arrêt bien rude, pria le : conseil de l'adoucir. Il dit, qu'il avait cru s'expliquer suffisamment, mais qu'il était prêt à tenir un langage qui plairait davantage ; que, puisque le petit et le grand conseil voulaient, qu'il dit, que la Messe était mauvaise, il le disait ; mais qu'il demandait en même temps pardon à Dieu, de ce qu'il jugeait témérairement des choses qu'il ne connaissait pas. Cette seconde réponse n'était pas plus satisfaisante que la première. Mais, comme rien n'est plus éloigné de l'esprit du christianisme, que la contrainte, et qu'il paraissait dans cet homme-là, beaucoup de bonne foi, et de crainte de déplaire à Dieu, par un jugement téméraire, non seulement, on ne le pressa pas d'avantage ; mais le conseil, après avoir révoqué le bannissement qui lui avait été prononcé, lui dit, qu'il pouvait reprendre sa place et ses fonctions de conseiller, dont il avait été suspendu depuis quelques jours. Retour |
(7) | Ce fut par un traité qu'on appela le Départ de Bâle, que ceux dont parle ici M. Spon rentrèrent en grâce.
Celui qu'ils avaient fait avec les seigneurs de Berne, et qui fut désavoué, donna lieu à entrer en négociation avec ce Canton, sur la manière dont les terres de Saint Victor et celles de Chapitre devaient être gouvernées.
Cette Négociation fut longue et épineuse, pendant trois à quatre ans.
Des arbitres, pris du canton de Bâle, se mêlèrent d'accommoder les difficultés qu'il y avait entre les villes de Berne et de Genève, et enfin les terminèrent.
Le Traité conclu fut approuvé et ratifié dans cette dernière ville, par le conseil général du peuple, le 19. février 1544. Retour |
(8) | Le bannissement de Calvin ayant été en partie l'ouvrage de Jean Philippe, et de ceux de sa faction, aussitôt que ce parti fut dissipé, on pensa sérieusement dans Genève à le rappeler.
Ami Perrin fut envoyé à Strasbourg, vers le milieu de l'année 1540, avec ordre de mettre tout en œuvre auprès de Calvin, pour le porter à venir reprendre la conduite de son ancien troupeau.
Il ne le trouva pas, Calvin était à la Diète de Wormes, où ayant appris ce que l'église de Genève souhaitait de lui, il ne donna d'abord aucune réponse positive, s'étant contenté d'indiquer à cette église, Pierre Viret, qui exerçait son ministère à Lausanne, lequel les Genevois obtinrent, en effet par emprunt, des seigneurs de Berne, pour tenir pendant quelque temps la place des ministres successeurs de Calvin ;
lesquels, chagrins du peu de cas que l'église de Genève faisait de leurs personnes, l'avaient presque tous quittée.
Farel, Vires, & Jaques Bernard, qui était le principal des ministres qui étaient restés dans Genève, écrivirent ensuite à Calvin, des lettres très pressantes, pour le porter à revenir ;
mais il ne pût se déterminer sitôt à prendre ce parti.
Le conseil général révoqua son bannissement, le premier de Mai 1541, comme le dit M. Spon ; et afin qu'il n'eut aucun prétexte de refuser ce qu'on souhaitait de lui, on le demanda aux magistrats de Strasbourg ;
on employa même our l'obtenir, l'intercession des cantons de Zurich et de Bâle, après avoir fait agir auprès d'eux à ce sujet, les pasteurs de ces deux villes, de même que ceux de Strasbourg, auprès des seigneurs de cette ville-là.
Les lettres circulaires qui furent écrites là-dessus aux magistrats, et aux pasteurs de Zurich, de Bâle et de Strasbourg, font beaucoup d'honneur à Calvin.
Elles produisirent leur effet.
Calvin se mit en chemin, & arriva à Genève au commencement du mois de septembre suivant. Retour |
(9) | Aussitôt que Calvin fut à Genève, il fit sentir au magistrat la nécessité qu'il y avait d'établir une bonne police ecclésiastique, et de faire là-dessus des ordonnances.
Le conseil approuva sa pensée, et le chargea, avec quelques autres commissaires, de travailler à leur compilation.
Cet ouvrage fut en état d'être présenté au Peuple, pour avoir son approbation, le 20 novembre 1541.
Dans le même temps, le magistrat pensa à rédiger en un corps, toutes les lois qui concernaient le gouvernement de l'Etat, et qui avaient été faites en différentes occasions, à en ajouter de nouvelles, et à abroger celles qui étaient depuis longtemps hors d'usage, et qui ne convenaient point à la situation où se trouvait alors la République, surtout depuis l'établissement de la réforme.
Calvin fut un de ceux à qui la commission fut donnée, de travailler à cet ouvrage, qui ne fut amené à sa perfection qu'au commencement de l'année 1543.
Ce Corps de lois ou d'édits politiques, fut lu et approuvé dans tous les conseils, et a servi de tablature pour le Gouvernement, jusqu'à l'année 1568.
Il fut revu plus tard. Retour |
(10) | Castalion n'est pas auteur du Theologia Germanica.
Il en est seulement le traducteur.
Le Traité du vieil et du nouvel Homme, n'est pas un ouvrage différent de ce premier, mais le même, que Castalion traduisit en français, après avoir donné sa traduction latine, sous le nom de Johannes Theophilus.
Au reste, le Theologia Germanica est communément attribué à Jean Taulere.
L'original est en Allemand. Retour |