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Bienheureux Bernard de Portes



Dernière mise à jour
le 17/02/2022

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Fête

Prieur de Portes en 1147, évêque de Belley de 1136 à 1141, il fut ami de saint Bernard et reçut de lui les premiers Sermons sur le Cantique des Cantiques, à l'Avent 1135. Il ne faut pas le confondre avec le fondateur et premier prieur, Bernard d'Ambronay.

Saint Anthelme fut élevé à la prêtrise qu'il reçut vers 1135 des mains de Bernard de Portes qui ne manqua pas de nourrir dans ce jeune chanoine son goût pour la vie religieuse.

Bernard de Portes est ainsi appelé du nom que sa famille avait pris d’une petite terre, la même apparemment où fut bâtie la chartreuse de Portes.

Il avait déjà fait profession dans l'ordre des Chartreux, en 1127, lorsque saint Bernard et saint Pierre, le premier abbé de Clairvaux et le second abbé de Cluny, vinrent à Portes pour visiter le père de Varin. C’est là que le saint abbé de Clairvaux, la lumière de l’Église, remarqua l’humble frère Bernard, homme, à son rapport même, digne de Dieu et des hommes, en qui il découvrit une si grande sainteté, que dès ce jour il l’honora d'une amitié toute particulière. À compter de cette époque, il régna entre eux une douce et indissoluble fraternité, fondée sur la charité chrétienne la plus ardente. C’est dans l’intimité de cette sainte liaison que Bernard, qui avait éprouvé par lui-même l’excellence de la doctrine du saint abbé de Clairvaux, le supplia, quelques années après, de faire un commentaire sur le Cantique des Cantiques. Celui-ci, prétextant sa faiblesse qui ne lui permettait pas d’entreprendre un si grand ouvrage qu’il trouvait au-dessus de ses forces, lui répondit entre autres choses : « Rien de plus pressant que vos demandes ; si j’y résiste constamment, ce n’est point par mépris pour vous, c’est par la conviction que j’ai de mon incapacité. Que ne puis-je vous présenter un travail digne de vos talents et de votre science ? Oui, le plus cher de mes amis, je serais disposé à partager avec vous la lumière de mes yeux et de mon âme elle-même, si c’était possible. » Et plus loin il ajoute : « Vous désirez ardemment remplir vos moments de repos et de tranquillité en cherchant partout un aliment au feu divin qui vous dévore, afin de l’enflammer de plus en plus en vous, pour accomplir la volonté de notre Maître qui dit : Que veux-je, sinon que le feu que j’ai apporté sur la terre embrase toutes les âmes (1) ? Je vous en félicite ; mais vous vous trompez si vous croyez trouver en moi cette flamme toute céleste ; ce n’est pas en moi qu’il faut la chercher, c’cst bien moi plutôt qui devrais vous prier de m’en communiquer quelques étincelles (2). » Ensuite cependant il lui promet de lui envoyer quelques traités qu’il a déjà composés sur le Cantique des Cantiques ; ce qu’il fit peu de temps après, excité, comme il l’a dit lui-même, par les vives instances de Bernard de Portes. C’est ce qui paraît par une autre lettre, dans laquelle il s’efforce de s’excuser de ce qu'il n’avait pu tenir la promesse qu’il lui avait faite de visiter une seconde fois le monastère de Portes : « Je ne puis vous dissimuler la tristesse de mon cœur ; il m’est impossible de cacher plus longtemps le tourment que j’éprouve, mon cher Bernard. Me rappelant mes promesses, j’ai eu souvent le dessein, le vif désir de vous visiter, ô vous tous que mon âme affectionne tendrement, et de chercher parmi vous quelques consolations, quelques soulagements à mes peines, à mes travaux, quelques remèdes à mes faiblesses. La volonté ne m’a point manqué, c’est le pouvoir, et je reconnais que ce sont mes fautes qui m’ont mis dans cette impuissance. Soyez assuré, homme de Dieu, que si je vous ai causé ce chagrin, ce n’est point un effet de mon indifférence, mais bien la cause de Dieu que je n’ai pu abandonner. Il est de votre intérêt de compâtir à mes maux, de les partager avec moi, afin de m’en alléger le poids ; j’implore le secours de vos prières et de celles des âmes saintes avec qui vous vivez. Je vous envoie le Commentaire sur le commencement du Cantique des Cantiques que vous m’aviez demandé, et que je vous avais promis. Quand vous l’aurez lu, je vous prie de me faire savoir, le plus tôt possible, si je dois continuer ou m’en tenir là (3). »

On ne saurait dire combien fut agréable à Bernard de Portes ce don de l’illustre abbé de Clairvaux, don précieux qui est comme le gage immortel de l’amour sincère que se portaient mutuellement ces deux grands personnages, don enfin qui doit leur mériter à tous les deux la reconnaissance éternelle de l’Église entière : au saint abbé de Clairvaux, comme à l'auteur d'un ouvrage divin, et à Bernard, comme l'ayant inspiré à son auteur par ses vives sollicitations.

Le pape, instruit du mérite de Bernard, le nomma à un évêché important de Lombardie (4) ; mais comme les austérités avaient beaucoup affaibli sa santé, et que l'évêché qu'on lui offrait aurait exigé de sa part un travail et des fatigues au-dessus de ses forces, saint Bernard, son ami, se chargea de faire agréer son refus au pape Innocent 11, et lui adressa la lettre suivante :

«  Très Saint Père, nous avons appris que Votre Sainteté appelle aux travaux et à la dignité de l’épiscopat Bernard de Portes, personnage également cher à Dieu et aux hommes. Cette nomination mérite tous nos éloges ; car il est bien digne de votre apostolat de faire briller dans l’Église une lumière qui jusqu’à présent n’a lui que dans la solitude, et de ne laisser plus vivre pour lui seul un homme capable de donner la vie à une infinité d’autres ; mais que Votre Sainteté daigne réserver à ce flambeau resplendissant un siège moins exposé au souffle des vents, de crainte qu’il ne vienne à s’éteindre, et ce siège n’est certainement pas en Lombardie ; car qui ne connaît pas ou qui connaît mieux que vous, très Saint Père, le caractère inquiet et hautain des Lombards ? Mieux que nous, vous connaissez l’étendue de cet Évêché et l’exaspération de ce peuple. Que ferait, au milieu d’une nation barbare, turbulente et séditieuse, un homme accoutumé à la solitude, au silence, et dont le corps a déjà perdu une grande partie de sa vigueur ? Réservez-le, je vous en conjure, pour un diocèse plus en harmonie avec ses habitudes et ses forces, pour un peuple plus tranquille qui saura mieux profiter des fruits qu’il est dans le cas de porter un jour (5). ».

Le pape se rendit à ces raisons, mais il ne laissa pas longtemps cette lumière éclatante sous le boisseau ; il l’en tira pour le placer sur le siège épiscopal de Belley qui venait de vaquer par la démission du B. Nantelle, vers 1135. C’est dans les premiers temps de son épiscopat qu’il donna la prêtrise à saint Anthelme (6).

Bernard gouverna quelques années son diocèse avec tout le zèle d’un véritable apôtre. Les auteurs de sa vie disent qu’il brillait sur le siège épiscopal comme le soleil qui éclaire, échauffe, féconde et répand partout la vie et l’abondance. Mais son amour pour la solitude l’emporta sur l’amour qu’il avait voué à son Église et le reconduisit à Portes dont Bernard de Varin l’établit prieur, vers 1146. Il ne remplit pas longtemps cette charge, car le Pape le força à reprendre les fonctions épiscopales en le nommant à l’évêché de Maurienne qui venait de vaquer par le décès du B. Ayrald.

Tous les auteurs n’admettent pas que Bernard ait été évêque de Maurienne ; ceux qui soutiennent qu’il l’a été, s’appuient sur les raisons suivantes :

  1. parce que la chronique manuscrite de la Grande-Chartreuse, en le donnant pour successeur au B. Ayrald, le nomme expressément Bernard de Portes, Bernardus à Partis
  2. parce que la même chronique le désigne comme ayant été depuis peu évêque de Belley, nuper Bellicensis episcopus
  3. parce qu’il ne voulait plus accepter la charge pastorale après sa démission du siège de Belley, et qu’il ne consentit à devenir évêque de Maurienne que par obéissance à l’autorité pontificale, a summo pontifice compulsus
  4. parce que Godefroy, dans la Vie de saint Pierre de Tarentaise, en parlant du B. Ayrald et de Bernard son successeur, les fait sortir tous les deux de la chartreuse de Portes.

Des titres conservés dans les archives du chapitre de Saint-Jean de Maurienne, contiennent plusieurs faits qui honorent la mémoire de ce saint évêque.

Chargé d’années et usé par les jeûnes, les veilles et les autres macérations auxquelles il n’avait cessé de se livrer, il mourut à Portes, le 16 décembre 1152 (7), et alla jouir de la couronne immortelle que lui avaient acquise ses mérites, hissant après lui une grande réputation de sainteté qui fut confirmée par des grâces surnaturelles qu’obtinrent plusieurs personnes en s’adressant à lui.

Sources
  • Nominis
  • Histoire hagiologique de Belley
    • Guichenon, Histoire de Bresse et de Bugey
    • Gallizia, Atti de Santi che fiorirono nc Domini della reale Casa di Savoia
    • Ephémérides de l'ordre des Charreux par D. Levasseur
    • Chronicon Cartusiense de Pierre Dorlandus

Notes

(1) Luc, chap. XII, v. 49. Retour

(2) Voir dans les Œuvres de saint Bernard la lettre CLIII Retour

(3) Ibidel, lettre CLIV. Retour

(4) Gallizia soupçonne que cet évêché est celui de Milan, où dans ce temps, dît-il, il était nécessaire de mettre un personnage distingué, capable de s'opposer au schisme et de réparer les désordres occasionés par l'archevêque Anselme.
Dom Mabillon assure que ce bienheureux Bernard fut nommé à l’évêché de Parie. Retour

(5) Œuvres de saint Bernard , lettre CLVI. Retour

(6) Godefroy, dans la vie de saint Pierre de Tarentaisc. Retour

(7) Dom Levasseur place sa mort le 16 décembre 1152 , d'après un ancien catalogue de la Grande- Chartreuse. Le nécrologe de ta cathédrale de Maurienne dit qu’il mourut le 8 des halendes d'avril 1158. Retour