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Saint Pierre Chanel (troisième partie)



Dernière mise à jour
le 17/02/2022

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Liste des chapitres

Le voyage entre le Havre et Foutouna

Le départ du Havre

Enfin, le jour si impatiemment attendu se leva. Le 24 décembre 1836, les nouveaux apôtres de l'Océanie furent convoqués à bord de la Delphine. De leur côté, et à la même heure, Monseigneur Blanc, archevêque de la Nouvelle-Orléans, et ses missionnaires, s'embarquèrent sur la Joséphine. Dès que les voiles furent déployées, l'air retentit de l'hymne Ave, maris stella, chantée sur les deux ponts d'une voix unanime. Les navires eurent de la peine à sortir du port. Une fois dégagés des obstacles imprévus qui les retenaient, ils prirent le large, et disparurent aux yeux de la foule accourue sur le rivage.

Le Père Bret écrit :
« Nous partons tous contents, nous nous reposons en paix, entre les mains de la Sainte Vierge, du succès de la traversée. Combien qui envient notre sort, et méritaient plus que moi d'être choisis pour la mission que nous allons remplir !

Le personnel du navire est trop nombreux pour que chacun de nous ait une cabine à lui seul. Loin de m'en plaindre, je m'en réjouis ; je partage, en effet, la cabine du bon Père Chanel, notre supérieur.

Nos matelots paraissent bons. Quelques-uns d'entre eux ont trouvé des médailles, échappées de nos poches, et les ont suspendues à leur cou, après nous les avoir montrées. Le capitaine et le lieutenant sont fort honnêtes. »

Le vaisseau dans la tempête protégé par la Sainte Vierge

Le navire faisait bonne route, lorsque soudain il fut assailli par la tempête. Trente-deux navires partis du Havre le même jour furent jetés à la côte. La Delphine et la Joséphine seules résistèrent à la violence des vents. La Sainte Vierge protégeait les missionnaires. Une preuve plus évidente de cette protection, c'est que leur vaisseau avait bravé la violence des flots avec un gouvernail très gravement endommagé. Une amarre, que le capitaine du port n'avait pas larguée à temps, se trouva engagée entre le gouvernail et l'arrière du bâtiment. Ignorant les obstacles qui s'opposaient à sa sortie, on usa de tous les moyens de force pour le dégager, sans se mettre en peine des avaries. Cependant, des quatre tenons qui attachaient le gouvernail au vaisseau, deux étaient brisés et le troisième à demi arraché. On ne s'en aperçut qu'après huit jours de navigation. Il fallut attacher le gouvernail pour l'empêcher de tomber à l'eau, et on se dirigea vers les Canaries. Pendant huit jours, on eut calme, mauvais temps ou vent contraire. Le navire pouvait à chaque instant perdre son gouvernail ; à en juger par l'inquiétude et la tristesse qui régnaient sur le visage des officiers, les passagers avaient tout à craindre. Enfin le 7 janvier, une goélette approche, c'est le salut ! Et le navire aborde à Santa-Cruz, port de relâche.

Les missionnaires, pendant les jours de danger, n'avaient point oublié Celle que l'Église salue sous le nom d'Étoile de la mer ; ils l'avaient invoquée avec confiance, et lorsque, le 8 janvier, on jeta l'ancre, ils récitèrent avec ferveur, en actions de grâces, le Te Deum et les litanies de Lorette. Leur cœur d'apôtre désirait une autre consolation; pour la première fois, depuis leur départ du Havre, la messe fut dite à bord par Monseigneur, et tous les missionnaires communièrent de sa main.

L’attente à Santa-Cruz

La patience de nos voyageurs fut mise à une rude épreuve par les réparations de leur navire, qui les retinrent près de deux mois à Santa-Cruz, où ils avaient espéré ne relâcher que quelques jours.

La maladie vint s'ajouter aux autres privations.

Les missionnaires avaient espéré qu'ils trouveraient, dans le port de Santa-Cruz, le repos et les secours que réclamait leur santé ; leur attente fut trompée ; la saison était mauvaise, et une espèce d'épidémie régnait sur ce rivage ; tous en ressentirent plus ou moins les atteintes. Quand ils reprirent la mer, le 28 février, ils n'étaient pas encore rétablis. Le Père Bret, surtout, était en proie à un violent mal de tête, auquel se joignit bientôt une fièvre très ardente, que rien ne put maîtriser.

La mort du Père Bret

Le Père Chanel écrit à sa mère :
« Malgré nos vœux et nos larmes, le bon Dieu nous l'a ravi ; il lui a plu de le couronner avant le combat.

Quelle perte pour notre mission, et pour mon cœur quelle blessure ! Mais que dis-je ? La destinée de notre cher défunt est bien plus digne d'envie, que propre à jeter dans le deuil et les larmes. En effet, sa conduite fut constamment exemplaire. Sa piété était vive et douce. Elle prit de bonne heure le caractère d'un zèle, d'un dévouement apostolique.

Dans sa dernière maladie, quoiqu'il souffrît beaucoup, il était patient et résigné. Souvent, il nous disait de prier auprès de lui, et de ne pas craindre de le fatiguer. Lui-même, le crucifix à la main, ne cessait de s'entretenir avec Dieu. Le dimanche des Rameaux, je lui donnai le saint viatique et l'extrême-onction. Le lendemain matin, il me dit qu'il touchait à sa fin, qu'il me remerciait de tous les soins que je lui avais prodigués, qu'il était heureux de mourir mariste, qu'il lui importait peu que son corps fût dévoré par les poissons ou par les vers. A sept heures du soir, il s'endormit doucement dans le Seigneur, le lundi saint, 20 mars 1837. »

Le lendemain matin, Monseigneur célébra la messe pour le repos de l'âme du jeune missionnaire. Tous communièrent à la même intention. Vers les neuf heures, Sa Grandeur fit la cérémonie des funérailles, en présence de tout l'équipage. Les quelques paroles qu'Elle lui adressa firent couler bien des larmes ; puis le corps fut confié à l'Océan. Tout le jour, le pavillon de deuil flotta sur le navire.

Le Père Chanel annonça au Très Révérend Père Colin la perte qu'il venait de faire. Il ajouta : « Heureusement, toutes les circonstances qui peuvent consoler dans un semblable événement, se rencontrent dans le coup qui nous a frappés. Il nous a quittés, le bien cher confrère, pour retourner dans le sein de son Dieu. Mais il ne saurait cesser d'être notre ami, notre confrère. Il n'a changé qu'un nom, celui de missionnaire, contre celui de protecteur de notre mission. Puissent tous vos enfants, présents et futurs, terminer leur carrière dans des conditions aussi rassurantes. Notre nombre a diminué ; mais notre courage et notre confiance en Dieu semblent prendre, de jour en jour, de nouvelles forces. »

La conversion de l’équipage

Le Père Bataillon raconte : « Cet événement, si triste pour nous, fut le signal de la conversion de tout l'équipage. Déjà, depuis quelque temps, nous nous occupions à instruire les matelots. Quelques-uns avaient cédé à nos exhortations et s'étaient approchés des sacrements. Après la mort du Père Bret, ce fut un ébranlement général. Je me rappellerai toujours cette mission à bord, ce chant des litanies et des cantiques, qui, tous les soirs, partait de notre vaisseau. Non, je n'oublierai jamais les faveurs dont Dieu nous combla, comme pour nous faire perdre de vue la perte d'un confrère. »

La Delphine prise dans la tempête

Le 27 avril, survint une tempête si violente, qu'elle menaça plus d'une fois d'engloutir la Delphine dans les flots. La Sainte Vierge, à coup sûr, la préserva du naufrage. Depuis ce jour, le voyage n'offrit rien d'extraordinaire jusqu'à Valparaiso.

Ainsi que le P. Chanel l'écrit à sa mère : « Il y a, sur mer, des jours où la navigation est fort agréable ; il y en a d'autres aussi qui sont bien propres à dégoûter de la navigation. Si je ne m'étais embarqué que pour le plaisir de voyager, les tempêtes qui nous ont assaillis diminueraient bien l'envie de recommencer cette promenade. Mais, grâce à Dieu, qu'il fasse beau ou mauvais temps, le missionnaire est toujours content de s'être mis en route. »

Le séjour à Valparaiso

Enfin, le 28 juin, les missionnaires entraient dans le port de Valparaiso. Le Père. Bataillon dit : « A peine avons-nous jeté l'ancre, que trois Pères de la congrégation de Picpus montent à bord, nous embrassent comme des frères, nous offrent leur maison et tout ce qu'ils possèdent, avec une générosité que je n'oublierai jamais. Monseigneur de Maronée fut, en particulier, l'objet des attentions les plus délicates. Il se vit conduire, comme en triomphe, à l'église des bons Pères. Nous chantâmes un Te Deum d'actions de grâces et les litanies de la Sainte Vierge.

Un spectacle encore plus beau vint inonder notre cœur de la joie la plus douce. Les gens de notre équipage, qui nous avaient déjà tant consolés pendant la traversée, s'approchèrent de la table sainte, et ceux qui n'avaient point été confirmés, reçurent, ce même jour, le sacrement de Confirmation. »

Le séjour des missionnaires à Valparaiso fut d'un mois et demi. Comme la Delphine était arrivée au terme de son voyage, il fallait trouver un autre navire pour se rendre dans les îles de l'Océanie. Bien des jours s'écoulèrent en recherches inutiles.

Les négociations de Monseigneur Pompallier avaient enfin abouti. Les missionnaires Maristes et ceux de la société de Picpus montèrent sur le brick américain l'Europa, et quittant le port de Valparaiso, le 10 août.

L’équipage de l’Europa et ses préjugés contre la vraie religion

Le nouvel équipage était loin de ressembler à celui de la Delphine. Un des officiers, apprenant qu'il y avait à bord des missionnaires papistes, comme il les nommait, ne voulait pas y monter. Cependant, après s'être emporté contre eux, en menaces et jurements, il se décida à s'embarquer. Les matelots partageaient plus ou moins ses préjugés contre la vraie religion et ses ministres.

Le Père Chanel dit à ses confrères : « Prions pour eux, et soyons à leur égard pleins de bonté et de prévenance. » Ce conseil fut suivi, et bientôt la défiance et la haine, firent place à l'estime et à l'affection. Plus les marins virent de près les missionnaires, plus ils se félicitèrent de les avoir à bord de de leur navire. Tout leur plaisir fut de converser avec eux, d'entendre leurs cantiques, de les voir prier et célébrer les saints mystères. Souvent même, le capitaine les pressait de chanter, pour avoir, disait-il, un vent favorable.

Le cœur de l'officier cité plus haut fut tellement changé, qu'il ne voulait plus se séparer des missionnaires et qu'il leur promit de se faire instruire dès qu'il serait à Taïti. Il racontait, en riant, que sa haine contre les papistes lui venait de sa mère, qui se plaisait à lui dépeindre les prêtres catholiques comme des espèces de monstres, que l'on ne saurait toucher, et même apercevoir, sans se souiller. Il ajoutait : « Aussi, j'avais conçu une telle aversion contre eux, que j'avais juré de ne jamais me trouver en leur compagnie. Mais vos bons procédés ont bien vite changé mes sentiments et dissipé les préjugés de mon éducation. »

La retraite avant d’arriver en Océanie

Monseigneur Pompallier eut l'heureuse idée, avant d'arriver en Océanie, d'inviter sa pieuse caravane à faire la retraite annuelle. Il présidait les exercices, et le Père Chanel exposait les sujets de méditation. Monseigneur Bataillon disait : « Je n'oublierai jamais cette retraite au milieu de l'Océan. Oh ! Qu'il est facile de méditer sur la vanité des choses de ce monde, lorsqu'on n'est séparé de l'abîme que par quelques planches ! Quand on n'aperçoit que le ciel et les flots courroucés de l'Océan, la grandeur de Dieu paraît tout entière. Oui, si les soulèvements de la mer sont admirables, le Seigneur, qui les excite, est encore plus admirable (Ps. 92). A la vue de ces merveilles, l'homme se trouve comme anéanti, et il n'a point de peine à tourner ses regards vers Celui qui est le maître de la vie et de la mort. »

L’arrivé devant Manréva

Le 13 septembre, l'Europa arrivait devant Manréva, la principale des îles Gambier. C'est là qu'elle devait déposer les Pères de la société de Picpus, qui, depuis le Havre, avaient été les compagnons des missionnaires Maristes.

Grâce au zèle de Monseigneur Rouchouze et des missionnaires de la congrégation de Picpus, la foi avait fait dans ces îles de rapides progrès. A peine l'ancre est-elle jetée, qu'un grand nombre de naturels montent à bord, et témoignent de toutes manières leur joie de voir un autre évêque et d'autres missionnaires. Ils se jettent à genoux, baisent l'anneau de Monseigneur, serrent la main des Pères, font le signe de la croix et crient de toutes leurs forces qu'ils sont chrétiens.

Le 14, Monseigneur Pompallier célébra les saints mystères dans une pauvre église de bambous, en présence de Mgr Rouchouze, de sept prêtres et de six catéchistes. Pendant toute la messe, les chrétiens qui étaient accourus en grand nombre, chantèrent des cantiques avec un accord surprenant. Les missionnaires étaient attendris jusqu'aux larmes.

Tous se rendirent ensuite dans la grande île, à la suite des deux évêques. Le roi vint à leur rencontre. Le rivage était couvert de chrétiens, tous à genoux, criant de toutes leurs forces : « Salut ! » et demandant la bénédiction. On eut de la peine à se frayer un passage, parce que tous voulaient toucher etbaiser la main du nouvel évêque et des missionnaires. On n'entendait que les cris : « Salut, Missionnaires ! Chrétiens, catholiques, apostoliques, romains ! Jésus-Christ ! Vierge Marie ! » Arrivés à l'église, ils récitèrent, tous ensemble, la doctrine chrétienne et chantèrent un cantique avec beaucoup d'entrain.

Les missionnaires passèrent toute la journée au milieu de ces bons néophytes, qui les entouraient, leur demandaient leurs noms, ceux de leurs pères et de leurs mères. En apprenant la mort du Père Bret, ils versèrent des larmes. Le roi dit : « Qu'avez-vous fait d'un corps si saint. Pourquoi ne m'avez-vous pas apporté un si grand trésor ? »

Le soir, la foule demanda à voir Monseigneur Pompallier. Les deux évêques et leur suite prirent place sur un petit monticule. Quelle ne fut pas leur surprise, lorsqu'ils virent tomber à leurs pieds une grande quantité de cocos, de bananes, etc. ! C'étaient les présents de ce bon peuple. Tous poussèrent un cri, qui répondit à notre « vivat ! » et chantèrent un cantique. Monseigneur Rouchouze leur adressa une petite allocution. Ils ne se retirèrent que vers la nuit, et on les entendit, dans toute la vallée, réciter leur prière en commun.

Le lendemain, les missionnaires, passant devant un temple de l'idolâtrie, désormais abandonné, y trouvèrent des ouvriers qui en retaillaient les pierres pour une église ; montrant l'effigie d'un gros rat sur une poutre, ils dirent : « Voilà, le Dieu que nous adorions autrefois. »

Le Père Chanel fut ému jusqu'aux larmes.Élevant les regards vers le ciel, il dit : « 0 Marie, faites éclater ce prodige dans les archipels qui nous sont échus en partage ! Il y va de la gloire de votre divin Fils, de votre honneur et du salut des âmes. »

Le départ vers Taïti

Il était temps de regagner l'Europa, qui devait remettre à la voile le soir de ce même jour. Monseigneur Rouchouze voulut les accompagner avec ses apôtres, et leur fit les plus touchants adieux. L'ancre fut levée, le 16 septembre, et un vent favorable les poussa rapidement vers Taïti. Toutes les conversations des nouveaux apôtres concernèrent sur ce qu'ils venaient de voir et d'entendre. Ils disaient : « Que ce bon évêque et ses prêtres doivent être heureux au milieu de leurs fervents néophytes ! Quand pourrons-nous, à notre tour, jouir du même bonheur ? » Le Père Chanel note, dans son journal, l'anniversaire de cette visite aux îles Gambier, comme une des belles époques de sa vie.

L'Europa jeta l'ancre devant Taïti, le 22 septembre. Le navire fut immédiatement entouré d'une multitude de pirogues. Le Père Bataillon écrivit : « Le consul américain est le premier à venir nous saluer. Notre vénérable évêque fait demander à la reine Pomaré, ou plutôt à Monsieur Pritchard, ministre protestant, la permission de descendre à terre. Quoique plus d'une fois cette faveur eût été refusée aux Pères de Picpus, on n'osa pas suivre envers nous le même système. Nous pûmes donc mettre le pied sur le sol de Taïti.

Monseigneur s'empressa de rendre visite au consul américain, catholique originaire de Hollande, qui avait déjà bien mérité de la religion par les services qu'il avait rendus aux missionnaires de Picpus. En traversant Papéiti qui n'était, du reste, qu'un chétif et misérable village, nous remarquâmes l'immense différence qu'il y a entre un pays catholique et une contrée protestante. Aux Gambier, il avait suffi de quelques années pour changer la face de l'île ; à Taïti, la civilisation n'avait presque fait aucun progrès, malgré le séjour prolongé des ministres protestants.

Notre Vicaire Apostolique voulut offrir ses hommages à la reine Pomaré. Le Père Maigret, le Provicaire de Monseigneur Rouchouze, qui se rendait aux Sandwich, nous servit d'interprète. Un hangar assez pauvre servait de palais à Sa Majesté, que nous trouvâmes assise à terre, selon l'usage du pays.

Aux questions de Monseigneur, elle répond en quelques monosyllabes lentement articulés, qu'elle désirerait bien nous garder dans son île, mais qu'elle craignait Monsieur Pritchard. La pauvre reine régnait, mais ne gouvernait pas.

Force était donc d'aller plus loin, de trouver un navire pour nous conduire dans les îles de l'Océanie occidentale. Sa Grandeur, faute de mieux, loua une goélette, la Raiatéa, qui fut à notre entière disposition. Un officier de marine, M. Stocks, qui avait été passager avec nous depuis Valparaiso, s'offrit à nous servir de capitaine.

Pendant les préparatifs, nous visitâmes une partie de l'île, et nous prîmes plaisir à graver sur des arbres la croix du Sauveur et les saints noms de Jésus et de Marie, pour qu'à la vue du signe sacré de la croix, le démon prît la fuite, et que Dieu daignât envoyer à ces îles le flambeau de la vraie foi. »

Taïti appartenait au vicariat de l'Océanie orientale. Monseigneur Pompallier eut, néanmoins, à exercer son ministère sur une âme soumise à sa juridiction par droit de naissance. Voici comment il raconte le fait : « Hier, mon Provicaire, le Père Chanel, m'a présenté à baptiser un enfant de six ans environ, né en Nouvelle-Zélande. Le père, qui est employé sur notre navire, et qui est catholique, promet de l'élever selon la doctrine de l'Église. Il l'avait confié jusque-là à des personnes de Taïti : maintenant il va l'emmener avec lui sur les mers. Je l'ai donc baptisé solennellement dans ma cabine, devant une sorte d'autel où j'ai dit la sainte messe, et lui ai donné la Confirmation. L'enfant s'est prêté avec empressement aux cérémonies que je faisais. Tous les prêtres et les catéchistes étaient présents.

Ce petit chrétien sera donc, pour l'Église, le premier de ses enfants dans la Nouvelle-Zélande. Ne semble-t-il pas être venu au-devant de la bonne nouvelle, que nous sommes heureux de porter à ces peuples lointains ? »

Le départ vers les îles de l'Océanie occidentale

Les adieux des missionnaires à leurs derniers compagnons de voyage firent couler bien des larmes, parce que l'estime et l'affection étaient devenues bien vives de part et d'autre. Au moment où la Raiatéa mit à la voile et passa devant l'Europa, les deux équipages hissèrent leur pavillon et se saluèrent de nouveau.

Le matin du 5 octobre, on découvrit plusieurs îles de l'Océanie occidentale. Monseigneur Pompallier et le Père Chanel voulaient qu'on s'arrêtât dans celle d'Ouliléa ; mais divers obstacles les obligèrent à renoncer à leur projet; ils se dirigèrent vers Vavao, qui, par son étendue et son importance, tient le second rang parmi les îles de l'archipel Tonga.

Une tempête terrible à l’arrivée

Le Père Bataillon écrit : « Dès que nous l'aperçûmes, nous tressaillîmes de joie ; mais, hélas ! A peine commencions-nous à la côtoyer, pour trouver un ancrage, qu'une tempête s'éleva, comme si le démon déchaînait sa rage, à la vue des apôtres qui s'efforcent de renverser son empire. La pluie tombait par torrents ; le vent soufflait avec violence. Tout à coup l'orage s'apaise ; une effrayante obscurité nous environne ; la foudre seule qui, à chaque instant, déchire et sillonne les nuages, éclaire cette nuit horrible. Vainement nos matelots font des efforts inouïs pour résister à la violence des courants qui nous entraînent vers les récifs ; nous n'en sommes plus séparés que par un espace de la longueur de notre navire. Nous tombons à genoux : Mon Dieu, sauvez-nous, nous périssons ! 0 Marie ! Voyez vos enfants ! Et soudain un coup de vent éloigne notre navire des récifs.

Mais ce n'était pas la fin de l'épreuve. Des courants impétueux nous entraînent de nouveau vers les écueils. On se hâte de détacher la chaloupe, afin de sauver au moins l'équipage. Un second coup de vent nous repousse loin des rochers, et nous permet de regagner la haute mer. Nous vîmes notre capitaine, à genoux, s'écrier comme hors de lui-même : 0 Providence ! 0 Providence ! Depuis que je parcours les mers, nous dit-il, j'ai couru de grands dangers ; mais je n'ai jamais été si près de la mort. Deux minutes de Plus et nous étions écrasés contre ces rochers escarpés. Vous devez penser si Monseigneur et ses missionnaires remerciaient la Sainte Vierge, dont l'Église célébrait, ce même jour, 22 octobre, le glorieux patronage. Un Te Deum et les litanies de Lorette furent chantés, en action de grâces, à bord du navire.

Dès la pointe du jour, on se rapprocha de l'île. Monseigneur fit réciter, en faveur de ses premiers enfants, qu'il allait visiter, le Veni Creator, l'Ave maris stella et le Miserere, et il régla qu'on réciterait ces mêmes prières pendant neuf jours, toutes les fois qu'on aborderait dans une île non convertie.

L'ancre est jetée vers midi. A l'instant, une foule de naturels montent à bord. Qu'ils sont intéressants ! Et combien nous regrettons de les voir la proie de l'hérésie ! Bientôt arrive un ancien matelot de l’Astrolabe, le seul Français qui se trouve dans cette île, depuis dix à douze ans. Il nous donne tous les renseignements que nous désirons. Il nous dit, en particulier, que nous pouvons sans difficulté nous rendre auprès du roi, et qu'il nous servira d'interprète.

Arrivé auprès de Sa Majesté, Monseigneur lui demanda si Elle voulait recevoir dans ses États quelqu'un de sa suite, pour y étudier la langue et enseigner, s'il le fallait, les connaissances des grandes nations civilisées. Vous pouvez, répondit le roi, demeurer dans toute mon île. Quant au désir que vous manifestez de faire part de vos connaissances à mes sujets, je ne puis rien vous permettre avant l'arrivée de M. Thomas. Au surplus, j'ai embrassé la religion qu'il nous a apportée ; mon dessein est de la garder. Que pourriez-vous m'apprendre de plus ? »

Les entretiens avec le roi

Monseigneur ne se découragea pas. Tout en ménageant la réputation des missionnaires protestants, il insinua l'illégitimité de leur mission. Votre Majesté pourra, du reste, comparer leur doctrine et la nôtre, et voir de quel côté est la vérité. Le roi persista dans sa résolution, et renvoya au lendemain, 25 octobre, la conclusion de cette affaire.

Le 25, Monsieur Thomas, chef des ministres protestants, était de retour. Monseigneur lui demanda par écrit une entrevue, qui fut accordée pour le 26.

Au jour dit, Monseigneur, les trois Pères et deux Frères se rendent auprès du roi, et de là auprès du ministre. Monseigneur commence par rendre compte de son entretien avec le roi. Après avoir rappelé la tolérance religieuse qui règne en Angleterre et en France, il montre les lettres de protection qu'il a reçues du gouvernement français et de divers consuls anglais et américains.

Il ajoute : « Au reste, ne demandant un pied-à-terre à Vavao qu'à titre de citoyen français, je sollicite ce que m'accorde le droit des gens. »

Le ministre répond : « L'île est trop petite pour deux religions, et je sais trop bien que si l'on vous permet de demeurer ici, vous ne tarderez pas d'attirer tout le monde à vous. Il y a tout près d'ici des îles, les îles Wallis, où notre religion n'a pas pénétré, et où vous pourrez vous établir en liberté. » Or, les habitants de Wallis venaient de massacrer de cinquante à soixante naturels, que les ministres y avaient envoyés pour convertir l'île au méthodisme ; ils avaient aussi pris et massacré tout récemment l'équipage de deux navires.

Le ministre n'eut rien de plus pressé que de courir chez le roi pour l'indisposer contre les missionnaires. Il sortait tout joyeux, au moment où Monseigneur et ses prêtres se présentaient.

Le Père Chanel raconte : « Quand nous fûmes en présence de Sa Majesté, elle jeta sur nous un regard de mépris, et nous dit d'une voix forte et impérieuse : J'ai réfléchi et j'ai pris conseil : je ne veux pas qu'il y ait ici deux religions. Je vous ordonne, par conséquent, de sortir au plus tôt de mon royaume. »

Monseigneur n'insista plus. Il salua le roi sans lui témoigner le moindre mécontentement. Il lui dit : « En m'éloignant de Vavao, je conserve l'espoir de revoir Votre Majesté et de m'entretenir avec Elle. »

L’arrivée sur l’île Wallis

Le Père Bataillon écrit : « Nous rentrons à bord de la Raiatéa. Le ministre Thomas, comme pour nous faire croire qu'il n'était pour rien dans la décision du roi, nous envoie un certain nombre d'imprimés tongiens, samoans et vitiens, avec une lettre pleine de politesse. Monseigneur lui fait, à son tour, porter quelques présents. Plusieurs Anglais viennent nous faire visite. Ils nous avouent franchement que la conduite de leurs ministres les indigne, et que notre départ est souverainement regrettable. Ces sentiments leur étaient inspirés par notre capitaine, protestant lui-même, qui avait été ravi d'admiration à la vue de tout ce que la religion catholique avait opéré aux îles Gambier.

Malgré tout ce qu'on put dire sur l'île Wallis, nous résolûmes d'aller sonder le terrain. Nous avions à bord un Anglais nommé Thomas Boog, qui avait passé quelques mois à Wallis, et s'était fixé à Foutouna. En nous demandant passage pour cette île, il nous avait donné les renseignements que nous désirions, et il devait encore nous servir d'interprète. La traversée fut heureuse. Le troisième jour, 1er novembre 1837, nous arrivions en face d'Ouvéa, appelée Wallis par les Anglais.

Pendant la sainte messe, qui fut célébrée à bord, nous priâmes Notre-Seigneur, la Sainte Vierge et tous les saints de bénir la première mission que nous désirions fonder. Déjà deux insulaires avaient lancé à toutes rames leur pirogue pour se présenter les premiers à bord de notre goélette. Ces insulaires étaient deux jeunes chefs, l'un nommé Pélo, de la grande île, et l'autre Toungahala, de la petite. Pélo et Monsieur Stoks, notre capitaine, se reconnurent et s'embrassèrent cordialement ; ils avaient fait ensemble un voyage sur un navire baleinier. Cette heureuse circonstance permit qu'on fût bientôt comme en famille.

Toutefois, notre costume ecclésiastique intriguait les deux chefs. Ils ouvraient de grands yeux et ne savaient trop que penser de nous. « Etes-vous des missionnaires, demandèrent-ils, et venez-vous de ce pays qui a vu naître Bonaparte ? — Oui, répondîmes-nous, nous venons de cette terre qui a donné le jour à Napoléon Bonaparte, dont le nom et les exploits ont retenti dans tout l'univers. Nous venons de la France, l'une des plus grandes nations du monde. » En parlant ainsi de la gloire de notre patrie, nous tâchions de leur faire oublier la première question : êtes-vous missionnaires ? Nous savions qu'ils détestaient les missionnaires protestants et, dans ce moment, décliner nos noms et nos qualités, c'était peut-être nous fermer à jamais l'entrée de l'île.

Cependant, le jeune Toungahala, que le bon Dieu et la Sainte Vierge disposaient en notre faveur, ne cessait de questionner le capitaine Stoks sur nos noms, nos intentions, etc. Celui-ci parla de nous d'une manière si avantageuse, que le jeune chef s'attacha à nous pour toujours, et nous rendit les plus grands services.

Notre goélette, pendant ces conversations, avançait lentement vers la ceinture de récifs qui environnent l'île tout entière, et contre lesquels les vagues viennent se briser avec un horrible fracas. Grâce à l'habileté de Toungahala, elle pénétra facilement, par la principale des trois ouvertures, dans la grande et belle rade circulaire, constamment couverte de pirogues. »

Monseigneur Pompallier, Pélo, Thomas Boog et le Père Bataillon descendirent à terre. A peine leurs pieds eurent-ils touché le sol d'Ouvéa, qu'ils se jetèrent à genoux et récitèrent un Ave Maria, comme pour en prendre possession au nom de la Sainte Vierge. Ceux qui demeurèrent sur le navire prièrent avec ferveur pour le succès de la visite.

La rencontre avec le roi et la réussite

Ils arrivèrent auprès du roi, qu'ils trouvèrent couché sur une natte. Sa Grandeur lui offrit quelques présents qu'il accepta avec beaucoup de plaisir ; puis, à l'aide de son interprète, lui exposa l'objet de sa visite et de son dessein de laisser deux hommes de sa suite pour apprendre la langue du pays.

A cette demande, le roi éclata de rire, et après un instant de réflexion s'écria : « Ve seriez-vous pas des missionnaires ? » Monseigneur, sachant qu'il voulait parler des missionnaires protestants, les seuls connus, il lui dit : « Rassurez-vous, nous ne sommes point de ces hommes que vous avez raison de craindre. Vous reconnaîtrez bientôt que nous sommes vos amis les plus dévoués. »

Le roi reprit « Eh bien ! Puisque vous ne venez qu'en qualités d'amis, vous pourrez demeurer avec moi. Sous peu, je vous ferai construire une case à côté de la mienne. Je m'engage à vous fournir des vivres et à vous couvrir de ma protection. »

Monseigneur témoigna au roi sa vive reconnaissance, et quand il fut de retour à la goélette, tous les missionnaires bénirent Dieu d'avoir exaucé leurs prières.

Le lendemain matin, Sa Grandeur désigna le Père Bataillon et le Frère Joseph pour fonder à Ouvéa la première mission de l'Océanie occidentale.

Néanmoins, tout n'était pas terminé. Les parents du roi tentèrent de le faire revenir sur sa décision. Un conseil fut tenu. Le vieillard qui remplissait les fonctions de Kivalou, ou premier ministre, fut d'avis de renvoyer ces étrangers. Il dit : « Je crains beaucoup que le but ne soit de changer la religion de l'île, et mes cheveux blancs me font une loi de m'opposer à tout ce qui peut, de près ou de loin, amener la ruine de la religion de mes pères. » Le discours du Kivalou fit une vive impression. Mais Toungahala prit si bien la défense des missionnaires, que le roi donna l'ordre formel de les laisser dans l'île. C'était sans doute par l'inspiration de la Sainte Vierge, car pendant tout le temps du conseil, les missionnaires n'avaient cessé de la prier et de semer partout des médailles de l'Immaculée Conception.

La mission de Wallis réussit merveilleusement. En 1842, le Saint-Siège érigea le vicariat apostolique de l'Océanie centrale, et le confia au Père Bataillon, qui fut sacré à Wallis, évêque d'Énos, le 3 décembre 1843.

Le départ vers Foutouna

Le 7 novembre 1837, la Raiatéa remit à la voile, et se dirigea vers Foutouna, pour y déposer Thomas Boog et une dizaine de Foutouniens, que Monseigneur Pompallier avait trouvés à Wallis. Il était bien convenu que la goélette ne séjournerait que le temps nécessaire au débarquement des passagers, et à la réception des vivres qu'ils devaient donner en paiement. Sa Grandeur avait hâte de fonder la seconde mission de la Société de Marie, dans l'île de Rotouma, et voulait la confier au Père Chanel, son Provicaire. Mais Dieu avait d'autres desseins, et la petite île de Foutouna était le champ que notre apôtre devait défricher et arroser de son sang.

Grâce à un vent favorable, la Raiatéa arriva devant Foutouna le 8, et mouilla dans le détroit qui sépare les deux îles, tout près de la plus petite, nommée Alofi. Le Père Servant dit : « Le lendemain, nous mîmes pied à terre. Là nous rencontrâmes l'équipage d'un baleinier anglais, qui avait fait naufrage sur les récifs de l'archipel Fidji. Le capitaine pria Monseigneur de les recevoir à bord de sa goélette pour se rendre, les uns à Rotouma, les autres à Sydney. Sa Grandeur y consentit volontiers. »

Le mouillage n'étant pas sûr, la Raiatéa jeta l'ancre dans le petit port de Singavé, et ne tarda pas à être encombrée de visiteurs.

Monseigneur de Maronée décide de créer une mission à Foutouna

Monseigneur ne voulait pas s'arrêter à Foutouna, mais le débarquement des passagers et l'embarquement des naufragés exigèrent plusieurs jours. Sa Grandeur put à loisir converser avec les blancs de l'île ; tous lui attestèrent que les Foutouniens n'étaient pas un peuple méchant et farouche, et que les missionnaires y seraient bien reçus ; Monseigneur examina avec soin si rien, dans la conduite des naturels, ne contredirait ces premiers témoignages. Parmi ces naturels se trouvait Sam Kélétaona, qui savait un peu d'anglais, s'habillait à l'européenne, et se présentait avec une certaine aisance ; prévenant, affable, il ne tarissait pas sur les qualités des blancs de l'île. Monseigneur de Maronée, ébranlé par tout ce qu'il entendait et voyait, résolut de faire l'essai d'une mission à Foutouna. Il prit à part le Père Chanel, et lui demanda s'il resterait volontiers dans cette île. Il répondit : « Monseigneur, je suis à votre disposition. »

Les entretiens avec le roi Niouliki

Le samedi 11 novembre, Sa Grandeur, accompagnée du Père Chanel, du Frère Marie Nizier et de Thomas Boog, se rendit dans la vallée d'Alo, auprès du roi Niouliki. Plusieurs blancs et quelques indigènes avaient voulu les suivre. Le roi était absent, et il fallut l'attendre plusieurs heures. A son arrivée, Monseigneur lui fit connaître le motif qui l'amenait auprès de lui, et son intention de laisser deux de ses compagnons pour apprendre la langue et les usages de Foutouna. Il répondit de leur dévouement à Sa Majesté si, de son côté, Elle daignait les prendre sous sa protection et pourvoir à leur subsistance.

Un nombre considérable d'indigènes s'était réuni à Alo. L'admission proposée fut mise en délibération. Maligi, premier ministre, s'y opposa fortement, en disant qu'il ne voulait point de religion nouvelle. Maïlé, cousin du roi, et jouissant d'une grande autorité à cause de sa bravoure, prit la parole et dit : « Je crois que nous ferons bien de ne pas chasser ces blancs et de les laisser séjourner dans l'île ; leur présence ne pourra que nous procurer des richesses. » Cet avis prévalut, et le kava, préparé selon les cérémonies ordinaires, vint confirmer la décision. Pendant que l'assemblée délibérait, les missionnaires avaient prié avec ferveur, et la Sainte Vierge venait encore d'exaucer les vœux et les prières de ses enfants.

Un repas foutounien fut ensuite servi aux assistants. Il se composait d'un petit porc rôti, d'ignames et de taros cuits, le tout porté dans des paniers tressés avec des feuilles de cocotier.

Après le repas, le roi demanda si nous serions contents de voir une danse du pays. Monseigneur fit comprendre que la proposition lui était agréable. Un instant après, la petite population d'Alo se trouvait dans la maison royale. Quelques-uns de nos compagnons se joignirent à eux, et ils étaient, en tout, une vingtaine. La danse s'exécutait au son de la voix des danseurs et des danseuses, accompagnée de coups frappés en cadence sur une natte tendue aux bords d'une auge. Nous fûmes étonnés du parfait accord de tous leurs mouvements, et surtout agréablement surpris de ne rien voir de contraire à la bienséance. D'après leurs usages, les hommes et les femmes, tout en dansant ensemble, formaient deux groupes séparés.

Dès que la marée le permit, Monseigneur et sa suite retournèrent à la goélette, mais n'y arrivèrent qu'après minuit. Ce retard inattendu et les rassemblements aperçus sur le rivage, avaient sérieusement alarmé tous les passagers. Aussi la joie fut vive lorsqu'on vit apparaître le canot qui ramenait l'évêque et ses compagnons. Le Père Chanel se mit aussitôt à réciter son office. Sa Grandeur s'en aperçut et lui demanda ce qu'il faisait : « Monseigneur, je veux témoigner au bon Dieu ma bonne volonté, en disant l'office, que je n'ai pu réciter aujourd'hui. - Je vous ordonne de cesser et d'aller vous reposer. » Le Père Chanel obéit à l'instant.