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Sainte Catherine d'Alexandrie



Dernière mise à jour
le 17/02/2022

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Vitrail
(église de Neuville-les-Dames)
Baie numéro 06
Fête

Sainte Catherine, appelée par les Grecs Æcatherine, glorifia Jésus-Christ en confessant généreusement la foi à Alexandrie, sous Maximin II. On ne peut guère compter sur ce que portent ses actes, parce qu’ils ont été considérablement interpolés ou corrompus. On lit dans le ménologe de l’Empereur Basile, qui les a suivis, que sainte Catherine était du sang royal ; qu’elle avait de rares connaissances, qu’elle confondit une assemblée de philosophes païens, avec lesquels Maximin l’obligea de disputer ; que ces philosophes se convertirent, et que, persistant dans la profession du christianisme, ils furent brûlés tous ensemble. Les actes de la Sainte ajoutent qu’elle fut attachée sur une machine composée de plusieurs roues, garnies de pointes très aiguës, mais que quand on voulut faire agir 168 roues, les cordes se brisèrent miraculeusement, en sorte que la Sainte fut délivrée, et qu’on la condamna ensuite à perdre la tête.

Le savant Joseph Assémani pense que ce qu’Eusèbe rapporte d’une vierge, que toutefois il ne nomme pas, convient à sainte Catherine. « Il y avait à Alexandrie, dit cet historien(1), une femme chrétienne distinguée par ses richesses et son illustre naissance. Elle eut le courage de résister à la brutalité du tyran Maximin, qui se faisait un jeu de déshonorer les autres femmes de la ville. Elle joignait aux avantages dont elle jouissait dans le monde, un savoir peu commun. Mais la vertu et la chasteté lui parurent préférables à tout. Quoique le tyran n’eût pu réussir à la séduire, il ne voulut point la condamner à mort, il se contenta de la dépouiller de ses biens et de l’envoyer en exil. » Maximin fut défait par Licinius, en 313, et s’enfuit à Tarse, où il périt misérablement.

Les chrétiens qui gémissaient en Egypte sous le joug cruel des Sarrasins, découvrirent le corps de sainte Catherine, vers le huitième siècle. Il fut porté dans le monastère que sainte Hélène avait fait bâtir sur le mont Sinaï, en Arabie, et que l'Empereur Justinien avait considérablement augmenté et embelli(2). Falconius, archevêque de San-Sevêrino, parle ainsi de cette translation(3). « Il est dit que le corps de la Sainte fut porté par des anges sur le mont Sinaï ; ceci veut dire que les moines de Sinaï le portérent dans leur monastère, pour l’enrichir de ce précieux trésor.... On sait qu’on a souvent désigné l’habit monastique par un habit angélique, et qu’anciennement les moines étaient appelés anges, à cause de la sainteté de leurs fonctions toutes célestes. » Depuis ce temps-là, il est plus fréquemment parlé de la fête et des reliques de sainte Catherine. Saint Paul de Latre, anachorète, célébrait la fête de cette Sainte avec une dévotion et une solennité extraordinaires.

Dans le onzième siècle, Siméon, moine de Sinaï, vint à Rouen pour recevoir l'aumône annuelle de Richard, duc de Normandie. Il apporta avec lui une portion des reliques de sainte Catherine, qu’il laissa dans cette ville. On garde encore dans l’église du monastère du mont Sinaï, la plus grande partie de la dépouille mortelle de la sainte martyre(4).

L’érudition peu commune de sainte Catherine, l’esprit de piété par lequel elle la sanctifia, le bon usage qu’elle fit de ses connaissances, l’ont fait choisir dans les écoles pour la patronne et le modèle des philosophes chrétiens. Après la vertu, le plus beau et le plus précieux ornement de l’esprit humain, est la science qui perfectionne toutes les facultés naturelles. On voit des gens se plaindre de l’infidélité de leur mémoire ; mais si on a soin d’exercer cette faculté, surtout dans la jeunesse, on la rendra capable de cette mesure de connaissances qui sont au moins nécessaires. Mais les instituteurs doivent s’attacher à ne mettre dans la mémoire des enfants que des choses excellentes, ou qu’il est indispensable de savoir. Comme l’entendement est la lumière de l'âme, il faut l’exercer et l’étendre par l’acquisition des sciences solides et utiles. De toutes nos facultés, le jugement est la plus estimable, celle qui gouverne et dirige les autres. Il est donc nécessaire de le former par des études bien faites, par la réflexion, par l’expérience, ce qui produira la justesse et le goût du vrai. Par ces différetns moyens, l’âme contractera l’habitude de se roidir contre la paresse naturelle à l’homme, et deviendra capable d’occupations sérieuses. C’est sans doute la volonté du Créateur, que tous ses ouvrages acquièrent le degré de perfection dont ils sont susceptibles; et si cette perfection dépend de notre travail et de notre industrie, nous ne pourrions les refuser sans crime. Est-il quelque chose qui nous intéresse davantage que notre âme, qui fait la dignité de notre être, et qui est le chef-d’œuvre de ce monde créé ? Si l’on veut bien connaicirc;tre les effets et la nécessité de la culture, qu’on compare les sauvages avec les nations policées. Qu’on laisse un champ en friche, il ne produit que des ronces et des épines ; mais qu’on le cultive, il se couvre de fruits. Il en est de même de notre âme. La culture qu’on lui donne, doit être cependant appropriée aux conditions, aux états, aux circonstances. Il y a des études qui ne sont que pour certaines personnes ; la théologie, par exemple, ne convient en général qu’à ceux qui sont chargés de l’enseignement. Observons toutefois que les femmes étant destinées à former les premières années des enfants, elles doivent bien savoir la religion et en connaicirc;tre toutes les vérités pratiques. Elles peuvent joindre à cette connaissance celle de l’histoire et des ouvrages de littérature, pourvu qu’elles les rapportent à la religion, et qu'elles donnent toujours la première place aux livres et aux exercices de piété(5).

Sources
  • Vies des pères des martyrs et des autres saints écrit en anglais par Alban Butler traduit par l'abbé Godescard chanoine saint Honoré

Notes

(1) Hist. 1. 8. c. 14. Retour

(2) Voyez la description de l'étât de ce monastère, dans les voyages de Thomson, t. II, et le Nouveau Conservateur Belge, tom. V, p. 57.

On lit dans un ouvrage d’Ernest-Frédéric-Charles Rosenmuller, intitulé Das alte und neue Morgenland, t. I, p. 258 , une description du mont Sinaï et de son couvent, dont voici une traduction. « Au milieu de la contrée vaste, sauvage et montagneuse, entourée par les deux bras du Golfe Arabique, s’élève, entre le 27e et 28e degré de latitude septentrionale, une montagne, qui se divise, à une élévation assez considérable au-dessus de sa base, en deux autres montagnes, dont la hauteur dépasse celle de toutes les montagnes environnantes. La plus haute s'appelle aujourd'hui Mont de-Ste-Catherine, mais l’autre porte le nom de Sinaï et d'Horeb. Pourquoi cette dernière au pied de laquelle se trouve le célèbre couvent de Sainte-Catherine, a-t-elle deux noms ? C’est ce qu’on apprend quand on en a parcouru les détails. Après avoir gravi la plus grande partie de la montagne, et avoir traversé successivement deux portes taillées dans le roc, on arrive à une plaine assez longue, mais étroite, où, parmi quelques autres chapelles, se trouve aussi celle d'Elie. Là, la montagne se divise en deux pointes ; l'une au nord, du côté par lequel on monte en partant du couvent de Sainte-Catherine, l’autre au midi. La première, qui est la moins élevée, s'appelle le mont Horeb ; l’autre, dont on n’atteint le sommet qu’au bout d'une heure, en partant de la chapelle d'Elie, s’appelle Sinaï, et par les Arabes Dschebet Musa, c’est-à-dire mont de Moïse.

Quant an couvent de Sainte-Catherine, bâti presque entièrement en pierres de taille, et nommé aussi le couvent du mont Sinaï, il est situé au pied du mont Horeb, vers le nord-est, dans une vallée profonde, entre deux rochers appelés S. Jean et S. Existome , et, à ce qu'on prétend, à l’endroit où Moïse aperçut la forêt ardente. Il est habité par des moines grecs, placés sous un archevêque, qui y a sa résidence. Le monastère est entouré de murs épais ; la porte en est toujours fermée, ou même murée, à cause des Arabes ; de sorte qu’on ne l’ouvre que lorsqu’il s’agit d'intrôniser un nouvel archevêque. On y entrait et on en sort par une fenêtre élevée d’environ trente pieds au-dessus du sol ; on se sert à cet effet d’un panier, attaché à une poulie. C’est aussi par cette voie que l’on descend du grain, de la farine et du pain pour les Arabes, qui viennent en demander chaque jour. » Voyez les Voyages de Della Valle, I, 116 sqq. ; Pococke, Buchreibung des Morgenlands, I, 214 ; Niebuhr, Reisebeschreibung, 1,247 sqq (Note augm. d'après l'èdit, allem.) Retour

(3) In commentariis ad Capponianas Tabulas Ruthenas, Romæ, 1755, Pg. 36. Retour

(4) Voyez la description de l'église du monastère du mont Sinaï, dans les voyages de Pocock ? t. I, p. 140 , in-fol. Retour

(5) 

Le génie n’est point le partage exclusif des hommes ; bien des femmes ne le leur cèdent point sous ce rapport : elles seraient donc capables des sciences les plus sublimes. Nous citerons entre autres exemples, la célèbre Hélène-Lucrèce Cornaro, Vénitienne, qui réunissait presque tous les genres de connaissances, et qui reçut le grade de docteur en théologie à Padoue, en 1678 ; mais si elle fut le prodige de son siècle par son savoir, elle ne le fut pas moins par l’austérité de sa vie et son extraordinaire piété. Du reste, l’Histoire ecclésiastique nous fait connaicirc;tre une foule de femmes versées dans les sciences et saintes en même temps. Ce serait sans doute une louable entreprise, si un homme instruit en faisait une galerie, dans un ouvrage particulier. ( Note augm. d'après l'édit. allem. ) Retour