Sainte Félicité |
Dernière mise à jour le 17/02/2022 Plan du site Menu en haut de page Aide |
Fête | 25 novembre, fĂȘte locale |
---|---|
Naissance | vers l’an 165 |
Sainte Félicté a une palme pour attribut.
Sainte Félicité, et les sept frères martyrs, ses enfants, dont les triomphes sont si célèbres dans les écrits des Pères, souffrirent sous l'empereur Antonin le Pieux(1). Sainte Félicité était une dame romaine également distinguée par sa vertu et sa naissance. Elle éleva ses sept enfants dans la crainte du Seigneur, et prit soin de les pénétrer des plus sublimes maximes du christianisme. Après la mort de son mari, elle servit Dieu dans la continence, et ne s'occupa plus que de bonnes œuvres. Ses exemples, ainsi que ceux de sa famille, arrachèrent plusieurs païens à leurs superstitions, en même temps qu'ils encourageaient les chrétiens à se montrer dignes de leur vocation.
Les prêtres païens, furieux des pertes que faisait la religion dont ils étaient ministres, portèrent leurs plaintes à l'empereur Antonin. Ils dirent : « Vous ne pouvez supporter la hardiesse avec laquelle Félicité professe la doctrine des chrétiens. Plusieurs abandonnent le culte des dieux immortels qui sont les gardiens et les protecteurs de l'Empire. Cet abandon et la tolérance d'un culte étranger les outragent ; aussi sont-ils extrêmement irrités contre la ville et contre tout l'État. On ne peut les apaiser qu'en obligeant Félicité et ses enfants à leur offrir des sacrifices. »
Antonin, qui était lui-même superstitieux, répondit favorablement à la plainte des prêtres. Il chargea Publius, préfet de Rome, de leur donner satisfaction, et de faire ce qu'ils demandaient pour apaiser les dieux. En conséquence de cet ordre, Publius se fit amener Félicité avec ses sept enfants. Lorsqu'ils furent venus, il prit la mère à part et employa tous les moyens possibles pour la déterminer à sacrifier, ajoutant qu'en cas de refus, il serait obligé d'avoir recours aux voies de rigueur. Félicité répondit : « Apprenez à me connaître, et ne vous flattez pas de m'effrayer par vos menaces, ni de me séduire par vos belles paroles. J'espère, par la vertu de l'esprit de Dieu qui combattra avec moi, triompher de Satan et sortir victorieuse des épreuves auxquelles vos assauts mettront ma fidélité. »
Publius transporté de rage dit : « Malheureuse femme, comment la mort peut-elle vous paraître si désirable, que d'exposer vos enfants à être privés de la vie, et de me forcer à la leur ravir par de cruels tourments ? » Félicité reprit : « Mes enfants vivront éternellement avec Jésus-Christ, s'ils lui sont fidèles, mais ils doivent s'attendre à des supplices qui ne finiront point, s'ils sacrifient aux idoles. »
Le lendemain, Publius étant assis sur son tribunal dans le champ et devant le temple de Mars, envoya chercher Félicité et ses enfants, puis, s'adressant à la mère, il lui dit : « Ayez pitié de vos enfants qui sont à la fleur de l'âge, et qui peuvent aspirer aux premières charges de l'État. » Félicité répondit : « Votre piété est une impiété réelle ; et la prétendue compassion à laquelle vous m'exhortez annoncerait la plus cruelle des mères. » Se tournant ensuite vers ses enfants, elle leur, dit : « Regardez le ciel, où Jésus-Christ vous attend avec ses saints. Persistez dans son amour et combattez généreusement pour vos âmes. » À ces mots, Publius lui fit donner des soufflets, en lui disant qu'elle était bien hardie de donner en sa présence de pareils avis qui montraient une opiniâtreté impardonnable à désobéir aux empereurs.
Il résolut de faire une nouvelle tentative en prenant les saints séparément pour essayer de les ébranler par la force réunie des menaces et des promesses. Il commença par Janvier, l'aîné des sept frères, mais il n'en reçut que cette réponse : « Ce que vous me conseillez de faire est contraire à la raison. J'attends de la bonté du Seigneur Jésus qu'il me préservera d'une telle impiété. » Il ordonna qu'on le battît cruellement, après quoi il le renvoya en prison. Félix, le second des frères, fut ensuite amené. Comme on le pressait de sacrifier, il répondit : « Il n'y a qu'un seul Dieu et c'est à lui que nous devons offrir le sacrifice de nos cœurs. Jamais nous n'oublierons l'amour que nous devons à Jésus-Christ. Employez tous les artifices et tous les raffinements de la cruauté, vous ne pourrez nous ravir notre foi. » Les autres frères ayant été interrogés, firent une semblable réponse, et protestèrent que rien ne serait capable de les priver de la récompense éternelle promise aux justes. Martial, qui parla le dernier, dit : « Tous ceux qui ne confessent pas que Jésus-Christ est vrai Dieu, seront jetés dans un feu qui ne s'éteindra jamais. » L'interrogatoire fini, les saints souffrirent la peine du fouet, et furent ramenés en prison. Publius, désespérant de vaincre leur constance, envoya toute la procédure à l'empereur.
Antonin ayant lu l'interrogatoire, ordonna que les confesseurs fussent envoyés à différents juges, et condamnés à divers genres de supplices. Janvier fut battu jusqu'à la mort avec des fouets garnis de balles de plomb. Félix et Philippe terminèrent leur vie par de violents coups de massue qu'on déchargea sur eux. Silvain, le quatrième des frères, fut jeté la tête en bas dans un précipice. Alexandre, Vital et Martial, qui étaient les plus jeunes, eurent la tête tranchée. Félicité mourut de la même manière quatre mois après. Il y avait sur la voie Salariène une église bâtie en l'honneur et sur le tombeau de sainte Félicité.
Ce fut dans cette église que saint Grégoire le Grand prêcha sa troisième homélie sur les Évangiles le jour de la fête de la sainte martyre. Voici de quelle manière il s'y exprime : « Félicité ayant sept enfants, craignait plus de les laisser sur la terre après elle, que les autres mères ne craignent de survivre aux leurs. Elle fut plus que martyre, puisqu'elle souffrit en quelque sorte ce que souffrait chacun de ses enfants. Elle combattit la huitième, selon l'ordre du temps ; mais elle fut dans la peine durant toute cette scène sanglante. Elle commença son martyre dans l'aîné de ses enfants, et ne le consomma que par sa propre mort. Elle reçut une couronne pour elle et pour tous ceux qu'elle avait mis au monde. En les voyant tourmentés, elle ne perdit rien de sa constance. Comme mère, elle éprouvait tout ce que la nature fait souffrir en pareille circonstance ; mais elle se réjouissait dans son cœur par les sentiments que lui inspirait l'espérance. » Le même Père prend de là l'occasion de montrer combien la foi est faible en nous. Dans sainte Félicité, elle triompha de la chair et du sang, et dans nous, elle n'est pas capable d'arrêter les saillies de nos passions, ni de détacher nos cœurs de ce monde perfide et corrompu. Il ajoute : « Soyons du moins couverts de confusion en voyant que nous sommes si éloignés de la vertu de cette sainte et que nous permettons aux mauvais penchants d'étouffer la foi dans nos cœurs. Souvent un mot nous trouble. La moindre contradiction nous irrite ou nous décourage, et cependant les supplices et la mort même ne purent ébranler l'âme courageuse de Félicité... Nous pleurons sans cesse, lorsque Dieu nous redemande les enfants qu'il nous avait donnés, tandis que Félicité s'attriste que les siens ne meurent pas pour Jésus-Christ, et se réjouit de les voir sceller leur foi par l'effusion de leur sang. »
Sources |
|
---|
(1) | Ceillier et d'autres écrivains pensent que l'empereur dont il s'agit ici était Marc-Aurèle-Antonin le Philosophe, qui régna conjointement avec Lucius-Vérus et qui persécuta les chrétiens. La raison, disent-ils, pour laquelle Lucius-Vérus ne paraît point en cette occasion, c'est qu'il était absent de Rome et occupé à la guerre des Parthes, qui dura depuis l'an 162 jusqu'à l'an 166. Voir Tillemont, t. 2, p. 326. Mais on ne peut douter que nos saints martyrs n'aient souffert sous Antonin le Pieux, la treizième année du règne de ce prince, et la cent cinquantième de Jésus-Christ. C'est ce qui se prouve par une inscription qui se lit dans plusieurs anciens manuscrits des Actes de ces saints, dont parle Ruinart. Tertullien, ad Scap. assure que cet empereur condamna plusieurs chrétiens à mort avant son avènement au trône, et lorsqu'il n'était encore que gouverneur d'Asie. Il est vrai qu'il parut d'abord incliner vers la douceur et prendre les chrétiens sous sa protection ; mais il les fit tourmenter sur la fin de son règne. II suffit, pour s'en convaincre, de lire l'épitaphe authentique de saint Alexandre, martyr, qui est rapportée par Arringhi, Diss- 2, l. 3, c. 22. Voir Berti, in sec. 1. Retour |